À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 10.
Note [10]

Remarque barrée (mise ici entre accolades) concernant la page 36 des Commentaria :

Fusio itaque chyli a Spiritibus debet provenire, et hoc certum est, videmus enim sanguinem præsentibus spiritibus maxime fluxilem esse, iis absentibus concrescere ; Sic si pars sit frigida et pus in ea generetur, hoc maxime fit, quia sanguis non est fluxilis propter spirituum inopiam aut impeditum affluxum. Ita et in Hydropicis aut Empyematicis videtur fieri quibus aqua aut pus derepente effluit, illi emoriuntur, quod certè non videtur fieri posse, nisi spiritus ibi adfuerint, quia materiam illam fluxilem reddant.

[Il est certain que les esprits {a} doivent provoquer la diffusion du chyle : {b} nous voyons en effet que le sang est extrêmement fluide quand les esprits y sont présents, mais qu’il coagule en leur absence. C’est exactement ce qui arrive quand du pus se forme dans une partie froide : le sang y perd sa fluidité parce que les esprits y font défaut ou parce que leur afflux y est entravé. Voilà donc ce qui semble se produire chez les hydropiques et les porteurs d’empyème : {c} ils meurent quand en eux de l’eau {d} ou du pus {e} s’écoule tout à coup ; ce qui n’apparaîtrait certainement pas possible si des esprits ne se trouvaient au même endroit, parce qu’ils rendent cette matière fluide].


  1. Fluides subtils, comme l’air, l’eau ou l’influx nerveux.

  2. Le chyle (v. note [26], lettre 152) est le fluide nourricier qui se sépare des aliments dans l’intestin grêle pendant la digestion.

  3. Malades ayant une collection de pus dans une cavité naturelle, la plèvre (enveloppe des poumons) surtout, mais aussi le péricarde (enveloppe du cœur) ou le péritoine (enveloppe des viscères abdominaux).

  4. En cas d’hydropisie (v. note [12], lettre 8).

  5. En cas d’empyème (v. note [33] de L’homme n’est que maladie).

En partant de la liquéfaction des aliments dans l’intestin grêle, et étant donné les connaissances de son temps, Gerardus Leonardus Blasius raisonnait plutôt correctement sur la solidification des épanchements fluides à l’intérieur du corps humain (par coagulation du fibrinogène soluble en fibrine insoluble), qui deviennent des empyèmes quand une infection les transforme en pus. La remarque de Guy Patin, préférant « empiriques » à « hydropiques ou porteurs d’empyèmes », méritait en effet d’être rayée car elle était dénuée de toute pertinence.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1187&cln=10

(Consulté le 20/04/2024)

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