Autres écrits : Thomas Diafoirus (1673) et sa thèse (1670), note 10.
Note [10]

Il n’y a nul besoin d’inciser une artère pour vider tout le sang du corps d’un homme vivant ; une veine, sur un bras garrotté, y suffit, comme l’a montré Harvey au chapitre douzième de son Exercitatio anatomica (pages 133‑135) :

« Cette démonstration va nous prouver ce que je disais auparavant, c’est-à-dire que le sang passe sans interruption à travers le cœur. Nous voyons en effet que le sang passe des artères dans les veines, et des veines dans les artères. Nous voyons enfin que presque toute la masse du sang peut s’écouler par une des veines de la peau du bras, ouverte avec un scalpel, pourvu que la compression ait été bien faite. Nous voyons en outre qu’il sort avec tant de force et d’impétuosité que non seulement le sang qui était contenu dans le bras au-dessous de la ligature, mais le sang de tout le bras et de tout le corps, aussi bien celui des artères que celui des veines, s’écoule par la veine ouverte.

Aussi faut-il reconnaître que, s’il sort avec force, cela tient d’abord à ce qu’il est poussé avec force contre la ligature et que la cause première en est dans la pulsation et la puissance du cœur, car la force et l’impulsion du sang ne viennent que du cœur.

[…] En effet, si, dans la saignée, quand le sang sort avec force et impétuosité, on le laissait pendant une demi-heure s’écouler avec cette rapidité, certainement la plus grande partie du sang s’écoulerait, il y aurait évanouissement et syncope ; et non seulement les artères, mais aussi les grandes veines se videraient presque complètement de sang. Il est donc rationnel d’admettre qu’en une demi-heure, il passe au moins une aussi grande quantité de sang par le cœur de la veine cave dans l’aorte. Comptez ce qui passe d’onces de sang dans un seul bras, au-dessous d’une ligature, pendant vingt ou trente pulsations, et vous pourrez vous faire une idée de ce qui doit passer par l’autre bras, par les deux veines de chaque côté du cou, et dans toutes les autres veines du corps. Il se fait donc dans tous ces vaisseaux qui fournissent continuellement aux poumons et aux ventricules du cœur une nouvelle quantité de sang (ce sang arrive nécessairement par les veines), une véritable circulation, puisque les aliments n’y pourraient suffire et que la nutrition des tissus est loin d’en exiger autant. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Thomas Diafoirus (1673) et sa thèse (1670), note 10.

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(Consulté le 25/04/2024)

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