Autres écrits : Leçons de Guy Patin au Collège de France (2) : sur la Manne, note 10.
Note [10]

« Méthode pour remédier » de Galien sur l’évacuation des abcès (Kühn, tome x, pages 887‑888, traduit du grec) :

Post excisam cutem medicamento manna vocato affectam partem implebimus ; est autem id purgamentum thuris levi adstrictione præditum, atque hoc nomine etiam thure ipso ad nonnulla utilior. Thus enim illud puris tantum movendi facultatem obtinet, utpote nullius adstrictionis particeps, magisque id facit quod pinguis ex eo fit et magis albicans, ut etiam quod flavum ex eo magis est validius siccat. Mannæ vero etiam corticis thuris paululum est admixtum, unde adstringendi vim habet. Id autem ipsum medicamentum cortex thuris tum adstringit tum siccat insigniter.

[Après avoir incisé la peau, nous remplirons la partie affectée avec le médicament qu’on appelle manne ; ce sont des raclures de l’écorce d’encens, {a} qui est douée d’une légère vertu astringente ; mais même sous cette dénomination, elle n’est en rien aussi profitable que l’encens lui-même. Cette résine possède seule en effet la faculté d’écarter le pus : étant donné qu’elle ne provoque aucune astriction, elle agit ainsi en rendant le pus épais fort blanc, tout en asséchant beaucoup plus puissamment celui qui est jaune. On a mélangé un peu d’écorce d’encens {b} à la manne, ce qui lui confère un pouvoir astringent. Ainsi, dans ce remède, l’écorce d’encens est rendue à la fois astringente et remarquablement asséchante]. {c}


  1. Kühn a choisi purgamentum thuris pour traduire υποσεισμα λιβανωτου, où libanôtos est l’encens (thus en latin) et uposeisma, le « petit éclat qui se détache à la suite d’un choc » (Bailly), rendu en latin par purgamentum, « immondices, épluchures » (Gaffiot).

    L’encens étant la résine qui s’écoule par incision de certains arbres (burséracées) qui poussent en Arabie, j’ai choisi « raclures de l’écorce d’encens », en me référant au dictionnaire de Chomel qui dit de l’encens :

    « On en distingue deux sortes, l’encens commun, qui n’est point si recherché parce qu’il est mêlé avec l’écorce de l’arbre ou quelque autre impureté ; et l’oliban, qui est belles larmes de couleur blanche tirant un peu sur le jaune, d’un goût amer, et qui se brise facilement. »

  2. Cortex traduit ici φλοιος (phloïos), écorce.

  3. V. note [26], lettre latine 351, pour le nom de sarcocolle qu’on donnait à la manne, pour son pouvoir cicatrisant ; mais Galien jugeait ici l’encens plutôt astringent, c’est-à-dire capable d’astreindre (contracter ou mûrir) favorablement le pus collecté dans une plaie ou dans un abcès.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Leçons de Guy Patin au Collège de France (2) : sur la Manne, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8130&cln=10

(Consulté le 14/12/2024)

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