Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : viii, note 10.
Note [10]

« La soie crue est celle qu’on tire sans feu et qu’on dévide sans faire bouillir le cocon, qu’on incise pour en faire sortir le ver quatre ou cinq jours après qu’il est parfait. On en fait des gazes et autres étoffes. Cette soie est fort pure, pourvu qu’on en sépare la dernière enveloppe extérieure et la pellicule qui se trouve joignant le ver. Il est défendu de mêler la soie crue avec la soie cuite. La soie cuite est celle qu’on a fait bouillir pour la dévider plus facilement, comme celle dont on fait les velours, satins, taffetas, damas, brocards, crêpes et autres étoffes » (Furetière).

Jean de Renou (v. note [16], lettre 15) a consacré aux vers à soie le chapitre xxxvi, livre troisième, de ses Œuvres pharmaceutiques (édition française de Lyon, 1637, v. note [13] de la Leçon de Guy Patin sur le laudanum et l’opium), mais sans donner foi aux vertus médicinales de la soie (pages 466‑467) :

« […] la soie n’a que peu ou point de vertu en médecine, quoi que puissent dire les ignorants au contraire, car que peut-on espérer de bien pour la santé des hommes de l’excrément aride et sans odeur d’un petit animal imparfait ? Certes, il a beaucoup plus d’analogie et de rapport, sans comparaison, avec les toiles des araignées et chenilles, qu’il n’a de vertu pour la guérison des hommes ; jaçoit qu’en {a} notre siècle, les femmes enceintes qui sont sujettes ou qui craignent de se blesser aient accoutumé de prendre de matin à jeun (par le conseil des gardes) {b} certaine dose de soie crue hachée fort menu dans un œuf poché. Il ne se peut bien faire, toutefois, que le crêpe fin de jadis, auquel notre soie a succédé, n’ait plusieurs belles vertus en médecine ; mais, d’autant qu’il ne s’en trouve plus et que la race en est toute perdue quant à nous, {c} voilà pourquoi nos pharmaciens ne s’en souviennent plus ; mais néanmoins, je m’étonne que la plupart d’iceux donnent bien souvent de la soie crue à leurs malades, sans savoir pourquoi, étant chose assurée qu’elle n’a du tout point de vertu qu’au préalable elle n’ait été teinte en écarlate ; dont il s’ensuit qu’il vaudrait beaucoup mieux se servir seulement de la graine de kermès aux usages susdits que de ladite soie, depuis que {d} toute sa vertu est empruntée ; et par ainsi, j’estime qu’il n’est pas de besoin de perdre le temps à teindre ladite soie en écarlate pour l’employer en médecine. Voilà ce qui me semble sur ce sujet, en soumettant toutefois mon opinion au jugement des docteurs médecins, et maîtres de l’art, qui ne doivent rien admettre légèrement qu’au préalable il n’ait passé par l’étamine de leur jugement et censure. »


  1. Encore qu’en.

  2. Garde : « femme qui est attachée au service d’un malade ou d’une femme en couche ; les parrains et marraines font un présent à la sage-femme et à la garde » (Furetière).

  3. De nos jours.

  4. Puisque.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : viii, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8161&cln=10

(Consulté le 24/04/2024)

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