À Charles Spon, le 16 avril 1649, note 11.
Note [11]

Remercier : « refuser honnêtement quelque chose » (Furetière).

Mme de Motteville (Mémoires, pages 271‑272) :

« Les finances étaient encore {a} entre les mains du maréchal de La Meilleraye, {b} quoique déjà on eût fait ce jugement de lui qu’il était plus propre à faire des conquêtes avec des armées qu’à faire venir de l’argent avec sa plume. […] Il n’était pas habile en matière de finances, et les gens d’affaires se plaignaient et disaient que les peuples n’étant pas soumis, ils tâchaient à l’ombre de la révolte de s’exempter des taxes, des impôts et des tailles ; qu’il leur fallait une personne qui entendît mieux la manière de les faire payer ; si bien qu’il parut nécessaire pour le service du roi de lui ôter les finances en donnant cette charge à un homme plus patient, plus vigilant, plus expérimenté et plus sain que lui. Il était goutteux et sans avoir les années qui donnent la vieillesse, son corps était plus cassé que ceux qui en peuvent compter quatre-vingts. Il était perclus des mains et des pieds, et souvent il avait des emplâtres sur toute sa personne, qui étaient sa parure la plus ordinaire. Mais enfin il était honnête homme, bon ami, et vivait tout à fait en grand seigneur. Le duc d’Orléans et le cardinal furent le visiter, et demeurèrent d’accord ensemble des grâces qu’il souhaitait. Il demanda d’avoir place dans le Conseil du roi, la survivance de ses gouvernements pour un fils unique qu’il avait de sa première femme, et la survivance de la charge de grand maître d’Artillerie. Cette affaire étant secrètement en cet état, elle s’exécuta quelque temps après ; et nous verrons d’Émery revenir occuper sa première place avec l’applaudissement de ses amis et malgré la haine de ses ennemis. Les derniers firent ce qu’ils purent pour l’en empêcher ; mais enfin ses rivaux le virent emporter la victoire sur eux. Il fut rétabli avec beaucoup de satisfaction de sa part car il avait senti sa disgrâce comme un homme qui était fort attaché à la terre, et qui avait peu d’amour et de respect pour celui qui en est le créateur et le souverain maître. »


  1. Depuis juillet 1648.

  2. V. note [157], lettre 166.

Journal de la Fronde (volume i, fo 21 vo, 14 avril 1649) :

« Ce fut ce jour-là que le maréchal de La Meilleraye remit entre les mains de la reine la commission de surintendant des finances, laquelle n’a encore été donnée ; mais en attendant on arrêta que M. Tubeuf ferait la charge conjointement avec MM. d’Aligre et de Morangis, directeurs des finances. On dit que son péché est d’avoir refusé de donner de l’argent sur quelques billets de S.É. {a} qui portaient que c’était pour des affaires secrètes. »


  1. Son Éminence le cardinal Mazarin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 avril 1649, note 11.

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(Consulté le 23/04/2024)

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