À André Falconet, le 20 mai 1661, note 11.
Note [11]

Marcus Aurelius Antoninus Bassianus, surnommé Caracalla (Lyon 188-Harran, Turquie 217), était fils de Septime Sévère. Empereur en 211 conjointement avec son frère Septimius Geta (189-212), Caracalla fit assassiner ce jeune prince l’année suivante, ainsi que tous ceux qui lui étaient attachés, en même temps qu’il demandait au sénat l’apothéose de sa victime. Le règne de Caracalla n’a été qu’une succession de crimes et de folies (G.D.U. xixe s.).

Donner le loisir de devenir étique (v. note [8], lettre 98), c’est ne pas permettre de « faire de vieux os », ou plus exactement de vivre jusqu’à être atteint d’une « longue maladie » qui ronge le corps à force de durer.

Histoire Auguste, Antoninus Geta (chapitre vii, pages 437‑438) :

Funus Getæ accuratius fuisse dicitur quam eius, qui fratri videretur occisus. Inlatusque est maiorum sepulchro, hoc est Sevri, quod est in Appia via euntibus ad portam dextra, specie Septizodii extructum, quod sibi ille vivus ornaverat. Occidere voluit et matrem Getæ, novercam suam, quod fratrem lugeret, et mulieres, quas post reditum de curia flentes repperit. Fuit præterea eius inmanitatis Antoninus, ut his præcipue blandiretur, quos ad necem destinabat, ut eius magis blandimentum timeretur quam iracundia. Mirum sane omnibus videbatur, quod mortem Getæ totiens imago videretur aut satua ? Varietas autem tanta fuit Antonini Bassiani, immo tanta sitis cædis, ut modo fautores Getæ, modo inimicos occideret, quos fors obtulisset. Quo facto magis Geta desiderabatur.

« Les funérailles de Geta furent, dit-on, plus fastueuses qu’il n’eût convenu pour quelqu’un qui apparaissait comme victime d’un fratricide. Il fut inhumé dans le tombeau de ses ancêtres, celui de Sévère, qui se trouve sur la voie Appienne, à droite quand on se dirige vers la porte ; il avait été érigé dans le style du Septizonium {a} et Sévère l’avait embelli pour lui-même au cours de sa vie. Antonin {b} fut tenté de tuer également la mère de Geta, sa belle-mère, {c} coupable de pleurer son frère, ainsi que les femmes qu’il avait trouvées en larmes à son retour de la Curia. Il était si cruel qu’il cajolait tout spécialement ceux qu’il projetait de faire assassiner ; aussi craignait-on davantage ses prévenances que ses colères. Ce que chacun trouvait tout à fait étrange, c’est qu’il se mettait à pleurer sur la mort de Geta chaque fois qu’on prononçait son nom et chaque fois qu’il voyait son portrait ou sa statue. Antonin Bassianus était si versatile, ou plutôt si assoiffé de sang, qu’il tuait au petit bonheur les partisans aussi bien que les ennemis de son frère. Et c’est pourquoi Geta en était d’autant plus regretté. » {d}


  1. Monument élevé à Rome par Septime Sévère près du Grand Cirque.

  2. Caracalla.

  3. Faux : Caracalla et Geta étaient nés de la même mère, l’impératrice Julia Domna.

  4. Traduction d’André Chastagnol.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 20 mai 1661, note 11.

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(Consulté le 18/04/2024)

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