À Charles Spon, le 13 juin 1644, note 12.
Note [12]

La notule (α), note (A) de l’article de Bayle sur Guy Patin cite une note de Claude Joly dans les Divers opuscules tirés des mémoires de M. Antoine [i] Loisel… (Paris, J. Guignard, 1683, in‑4o) ; elle explique un endroit de l’Indice alphabétique des personnages célèbres mentionnés au Dialogue des avocats du Parlement de Paris d’Antoine Loisel etc. :

« Maître Jean Patin, après avoir passé quelques années au barreau du Parlement de Paris, se retira en sa ville natale de Beauvais, où il fut fait conseiller et avocat du roi au présidial, y exerçant ensemblement les deux charges, en vertu d’un arrêt du Parlement donné en sa faveur le 15e de février 1588 […]. Il exerça ces deux charges fort courageusement et constamment au temps que cette ville s’était laissé emporter au parti de la Ligue ; et y maintint l’autorité du roi avec beaucoup d’adresse et toute la fidélité requise en un homme de bien, jusqu’à ce qu’étant enfin persécuté par les factions du maire Godin et du lieutenant criminel, nommé Nicolas, qui étaient deux arcs-boutants de la Ligue dans Beauvais, haranguant selon le deu {a} de sa charge et exhortant le peuple au service du roi Henri iv, il pensa être lapidé par les menées de ces deux archiligueurs ; de sorte qu’il fut obligé de quitter la ville et de se retirer près du roi son maître, où il trouva du support par la recommandation de M. de Fresnes-Forget, secrétaire d’État ; {b} mais enfin, il fut rétabli en ses deux charges lorsque la ville rentra en l’obéissance du roi et continua d’y rendre la justice avec réputation jusqu’en l’an 1605, auquel il mourut d’une esquinance {c} au retour d’un voyage de Fontainebleau où il avait été envoyé en commission vers le roi au nom de la ville. Telles commissions lui étaient ordinaires, tant à cause de sa charge d’avocat du roi que parce qu’il était éloquent et fort entendu dans l’histoire et dans la politique. Lorsqu’il quitta Beauvais par les fureurs de la Ligue, sa maison fut pillée, où il fit perte de ses beaux livres, qu’il chérissait uniquement et qu’il a regrettés toute sa vie. Il ne laissa qu’une fille nommée Françoise Patin ; était oncle de François Patin, {d} avocat en Parlement, qui a été père de Maître Guy Patin, docteur régent et doyen de la Faculté de médecine à Paris, lequel m’a fait part de ce qui est ci-dessus écrit, et encore d’une épigramme fait en la louange de ce sien grand-oncle, ce qui se lit in libello Epigrammatum variorum ad amicos pro xeniis per Petrum Goussainviullium, Montfortensem, pro anno 1574, imprimé à Paris, apud Dyonisium a Prato 1574 : {e}

Ad Dom. Ioannem Patin, Bellovacum, facundissimum in supremo Parisiensi Senatu Patronum.

Cum tu facundas solitus nunc ire per artes,
Eloquium et mirum crescat in ore tuo ;
Causidicumque bonum sic te Polyhymnia reddit,
Omnes ut superes viribus eloquii ;
Sic tua Musa mihi quædam incrementa dedisset,
Ditior et Cræso redderer arte sua ;
Sed quia nummorum non extat plena crumena,
Pro nummis tribuit carmina missa tibi
. » {f}


  1. Devoir.

  2. Pierre de Fresnes-Forget, v. note [28] du Borboniana 4 manuscrit.

  3. Angine (pharyngite).

  4. François i Patin (v. note [9], lettre 10).

  5. « dans un opuscule d’Épigrammes diverses adressées à des amis pour des étrangers par Pierre Goussainville, natif de Montfort, pour l’année 1574 […] chez Denis Du Prat, 1574 ».

  6. « À Maître Jean Patin, natif de Beauvaisis, le plus éloquent avocat du Parlement de Paris.

    Comme tu as coutume de cultiver les arts éloquents, la conversation n’en devient que plus merveilleuse en ta bouche ; ainsi Polymnie [muse de la lyrique chorale] te reconnaît pour bon avocat parce que la vigueur de ton discours surpasse tout le monde. Si ta muse m’avait un peu plus gâté, son art m’aurait rendu plus riche que Crésus [v. note [91] du Faux Patiniana II‑7] ; mais si ma bourse est plate, c’est que tu as vidé la sienne avec les vers que tu lui as envoyés. »

L’annotateur de Bayle cite ensuite tout ce que Guy Patin révélait ici de ses ascendances à Charles Spon.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 juin 1644, note 12.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0106&cln=12

(Consulté le 19/04/2024)

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