À Charles Spon, le 13 janvier 1655, note 12.
Note [12]

Retz était arrivé à Rome la première semaine de décembre 1654. Chaleureusement accueilli par le pape Innocent x qui lui accorda le versement d’une pension de 3 000 livres, il reçut le chapeau dans un consistoire réunissant la quasi-totalité des cardinaux italiens. Les religieux français présents à Rome s’abstinrent cependant de visite, par souci de ne pas heurter le gouvernement de Mazarin. L’administrateur de l’église Saint-Louis-des-Français à Rome (v. notule {b}, note [62] du Borboniana 4 manuscrit) avait du reste reçu de Louis xiv une injonction de ne rendre aucun honneur à l’évadé (Mémoires, pages 1160‑1161) :

« Le lendemain au matin, comme j’étais encore au lit, l’abbé de la Rocheposay, que je ne connaissais point du tout, entra dans ma chambre et après qu’il m’eut fait son premier compliment sur quelque alliance qui est entre nous, il me dit qu’il se croyait obligé de m’avertir que M. le cardinal d’Este, protecteur de France, avait des ordres terribles du roi ; qu’il se tenait, à l’heure même qu’il me parlait, une congrégation des cardinaux français chez lui, qui allait décider du détail de la résolution que l’on y prendrait contre moi ; mais que la résolution y était déjà prise en gros, conformément aux ordres de Sa Majesté, de ne me point souffir à Rome et de m’en faire sortir à quelque prix que ce fût. […] Je ne laissai pas de faire donner avis au pape de ces menaces et il envoya aussitôt le comte Vidman, noble vénitien et colonel de sa garde, à l’abbé Charrier pour lui dire qu’il répondrait de ma personne en cas que, s’il voyait la moindre apparence de mouvement dans la faction de France, il ne disposât pas comme il lui plairait de ses Suisses, de ses Corses, de ses lanciers et de ses chevau-légers. J’eus l’honnêteté de faire donner avis de cet ordre à M. le cardinal d’Este, quoique indirectement, par monsignor Scotti, et M. le cardinal d’Este eut aussi la bonté de me laisser en repos. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 janvier 1655, note 12.

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(Consulté le 25/04/2024)

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