À Johann Georg Volckamer, le 12 juillet 1663, note 12.
Note [12]

Renvoi à la page 13, article xxxi de la thèse de Christoph Nicolaï (v. supra note [6]) :

Ansam, ulterius rejiciendi hoc unguentum, authoritas dedit, ubi horum aliqui Diabolum authorem constituunt, inter quos Petr. Holtzemius, Med. D. et P.P. Acad. Colon. l. 2. de Essent. Hellebor. c. 2.

[L’autorité juridique a donné le moyen de bannir cet onguent, quand quelques-uns ont établi que le diable en était l’auteur, parmi lesquels Petr. Holtzemius, docteur et professeur public de médecine de l’Université de Cologne, au livre 2, chapitre 2 de la Nature de l’ellébore].

Le livre cité est intitulé :

Essentia Hellebori rediviva, secundo extracta, sive rectificata, et aucta, in gratiam novorum huius patriæ et sæculi Medicorum, non minus faceta qua necessaria, mais non moins élégante qu’il n’est nécessaire. Per Cl. V. Petrum Holtzemium, in Alma Ubiorum Academia Medicinæ Professorem, et Serinissimor. Principum, Ferdinandi, Electoris Coloniensis, etc. et Wolfgangi Wilhelmi Comitis Palatini ad Rhenum, etc. Medicum.

[L’Essence d’ellébore remise en vigueur, publié pour la seconde fois, à la fois corrigé et augmenté, pour le bénéfice des nouveaux médecins de ce pays et de ce temps. Par Petrus Holtzemius, {a} professeur de médecine en la bienfaisante Université des Ubiens, {b} et médecin des princes sérénissimes Ferdinand, électeur de Cologne, etc. et Wolfgang Wilhelm, comte palatin du Rhin, etc.] {c}


  1. Petrus Holtzemius (Deventer 1570-Cologne 1651).

  2. Anciens riverains du Rhin dont la capitale était Cologne.

  3. Cologne, Officina Birckmannica, 1623, in‑8o.

L’ouvrage n’est pas divisé en livres, mais en neuf chapitres, dont le iie contient cette virulente attaque (pages 11‑12) :

Aliud genus quoque hominum est, qui anicularum deliramenta, res superstitiosas, a secretioribus philosophiæ, ut loquuntur, consultis, à Magis, et Sagis rectius dixeris, repertas, pro veris medicamentis, editis in publicum libris, pomposis titulis, obliti famæ melioris, quod Deum immemorem fraudis sperent, toti mundo obtrudere non formidant, lampadem scilicet vitæ, quam potius mortis, et animæ tenebras ; Achillem quoque redivivum, quem potius Cornelium Agrippam redivivantem dixeris. Unguentum armarium, a Dæmone inventum, et a Mago propagatum ; quid non magnetica cura, aut fraternitas rosæcrucis, Charontis illa ianua ? Africa quondam produxit nova monstra, nunc, eheu, Germania, religionis licentia, et rebus publicis perniciosa, sed hæc extra forum nostrum, nova pectore versant consilia, unde :

Scinditur incertum studia in contraria vulgus.

O miseri, quæ tanta insania cives.

[Il existe encore un autre genre d’individus : par les livres aux titres pompeux qu’ils publient, ceux-là ne craignent pas d’imposer au monde entier, comme étant d’authentiques remèdes, des délires de petites vieilles, des superstitions découvertes par de très secrètes recherches de la philosophie, comme ils disent, mais vous diriez mieux par des mages et par des sorcières. Espérant que Dieu soit oublieux de leurs duperies, ils appellent flambeau de la vie ce qui est plutôt celui de la mort et les ténèbres de l’âme. Vous diriez qu’ils ressuscitent Achille, quand il s’agit plutôt de Cornelius Agrippa. {a} Qu’y a-t-il d’autre dans leur onguent hopliatrique, inventé par le diable et propagé par un magicien, {b} qu’un remède magnétique ou la confrérie de la Rose-Croix, ce chemin qui mène à l’enfer ? {c} Jadis, l’Afrique a produit des monstres nouveaux ; aujourd’hui, hélas, c’est le tour de l’Allemagne, la liberté de religion est pernicieuse pour les affaires publiques ; mais ces choses dépassent notre entendement, nova pectore versant consilia : {d}

Scinditur incertum studia in contraria vulgus. {e}

Malheur aux citoyens dont s’empare une si grande folie !]


  1. Heinrich Cornelius Agrippa, médecin et alchimiste du xvie s., v. note [13], lettre 126.

    Tué lors de la guerre de Troie, le héros grec Achille est réputé être ressuscité pour régner sur le Champ d’asphodèle, pré couvert de cette herbe et séjour infernal des âmes mortes.

  2. Paracelse.

  3. V. notule {b}, note [6], lettre 853.

  4. « et font concevoir de nouveaux desseins » ; Virgile (Énéide, chant i, vers 657‑658) :

    At Cytherea novas artes, nova pectore versat
    consilia
    .

    [Mais Vénus conçoit de nouveaux plans, de nouveaux desseins].

  5. « La foule incertaine se partage en avis divergents » (Virgile, Énéide, chant ii, vers 39).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 12 juillet 1663, note 12.

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(Consulté le 25/04/2024)

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