Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 1A. Novembre 1650-novembre 1651, Actes de la Faculté de médecine, note 12.
Note [12]

« Le sang est-il vital ? » : première quodlibétaire de François Landrieu reçu bachelier en octobre 1650 (et déjà adhérent au clan antimonial, v. note [15], lettre 426) ; la question mettait en doute la toute-puissance et même le bien-fondé de la saignée, comme le montrent son introduction et sa conclusion (dont la pertinence n’est pas contestable aujourd’hui).

  • Premier article :

    Sanguis est viventis et partis elementum, naturam nostram integrat, nulla pars similaris aut organica quæ sanguine non constet ; indesinens ipsi effluvium, et resolubilis substantia, nisi pabulo reparetur : potentiam habet nutritivam, et principium animæ vegetativæ activum et transmutativum alimenti in naturam suam, ad restaurationem partis deperditæ : nisi assumpto cibo restauretur, brevi animal intereat necesse est : subiectum in quo est vivens, obiectum circa quod versatur alimentum, terminus est conservatio individui.

    [Le sang est un élément du vivant et de chaque partie du corps, il régénère notre nature. Il n’existe aucune partie similaire ou organique {a} qui ne contienne de sang. Son écoulement est ininterrompu et sa substance peut se désagréger si elle n’est pas restaurée par les aliments. Il a un pouvoir nutritif car, en sa propre nature, il contient le principe de l’âme nourricière et le transforme en aliment, pour la restauration de chaque partie qui s’en trouve dépourvue. S’il n’est régénéré par ce qu’il mange, un animal cesse nécessairement et promptement de vivre. Ce qui est vivant lui est assujetti ; il est l’objet qui véhicule l’aliment ; sa fonction est la conservation de l’individu].


    1. V. note [7], lettre 270.

  • Cinquième et dernier article :

    Quicquid est sanitati et morbo obnoxium est animatum, sanitas et morbus in viventibus tantum reperiuntur : sanguis, gratiosus hic humor, thesaurus vitæ, dilectissimus naturæ filius cuius rationibus omni studio consulere, atque providere debemus ; vires, aut si mavis naturæ robur conservare, est animam conservare : quamdiu vita servatur, sanguis una animatur, et viget ; ne indiscriminatim et temere sanguinem profluere sinas : impensius refrigerato calore nativo humidoque primigenio imminuto viscera languescunt, ac in senectutem immaturam et mortbis gravibus obnoxiam præcipitat. Evacuato nimio sanguine anima deficit ; interitus est inopia sanguinis, anima impotens proprio instrumento destituta non est perfectus actus corporis, uno verbo sanguis est animæ professio, si plus æquo detrahatur, animam ages.

    Ergo sanguis animatus.

    [Tout être animé est susceptible de bien-être et de mal-être ; bonne santé et mauvaise santé ne s’observent que chez les créatures vivantes. Le sang, cette humeur admirable, est le trésor de la vie, le fils très chéri de la nature, et nous devons mettre tout notre soin à veiller et pourvoir à ses intérêts : préserver ses forces ou, si vous préférez, sa solidité, c’est conserver l’âme ; la vie dure aussi longtemps que le sang est animé et vigoureux. Gardez-vous bien d’évacuer le sang hardiment et indistinctement, car la dissipation de la chaleur et la diminution de l’humide radical {a} plongent les viscères dans une profonde défaillance : cela hâte la survenue d’une caducité prématurée et favorise de graves maladies. La soustraction excessive de sang débilite l’esprit vital ; le défaut de sang est mortel, l’esprit vital est rendu impuissant quand il est privé de ses ressources propres, et les fonctions du corps ne s’accomplissent plus. En un mot, le sang est la manifestation de l’esprit vital, en en retirant plus qu’il ne faut, vous dissiperez la vie.

    Le sang est donc vital].


    1. V. note [8], lettre 544.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 1A. Novembre 1650-novembre 1651, Actes de la Faculté de médecine, note 12.

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(Consulté le 29/03/2024)

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