Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 1, note 12.
Note [12]

Benedictus Theocrenus est le nom latin de l’humaniste italien Benedetto Tagliacarne (Benoît Théocrène en français ; Sarzana, Ligurie, vers 1480-Avignon, 1536). Secrétaire ou chancelier de la République de Gênes en 1514, il avait suivi, en 1522, l’archevêque de Salerne, Frederico Fregoso, dans son exil en France. Theocrenus y devint précepteur des enfants de François ier, qui le combla de ses largesses.

Une fois veuf, Theocrenus fut nommé abbé de Nanteuil, puis évêque de Grasse en 1534. Il a laissé quelques ouvrages de poésie latine (Nicéron, tome xxxiii, pages 322‑328).


Additions et remarques du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 141‑143 :

« Benedictus Theocrenus s’appelait en sa langue maternelle Benedetto Tagliacarne. Il était de Sarzana, petite ville de l’État de Gênes. Après avoir fait pendant quelque temps la fonction de greffier de cette République, {a} dont il composa une Chronique, il passa en France, où son mérite lui fit avoir la place de précepteur des enfants de François ier. Cet emploi lui ouvrit le chemin aux dignités ecclésiastiques. On lui donna l’abbaye de Fontfroide, diocèse de Narbonne, dont il prit possession le 2 janvier 1532, à laquelle fut peu de temps après ajoutée celle de Nanteuil-en-Vallée dans le Poitou. Enfin on le nomma à l’évêché de Grasse : MM. de Sainte-Marthe disent qu’il l’était en 1548, < mais > puisqu’ils ont négligé d’indiquer les preuves qu’ils pouvaient avoir de ce fait, nous proposerons ici nos doutes. Premièrement, il semble qu’ils veuillent insinuer que Theocrenus n’était évêque de Grasse qu’en cette année 1548 ; cependant, rien n’est plus certain qu’il possédait cet évêché en 1536, puisque dans l’édition de ses poésies faite à Poitiers par les Marnef en cette même année, on lui donne cette qualité, et que là-dessus roule principalement l’épigramme de Macrin, {b} que ces illustres jumeaux ont rapportée. 2. Je ne vois pas quel inconvénient il y aurait à croire que le cardinal Trivulce, qu’ils disent l’avoir précédé dans l’administration de l’évêché de Grasse, lui succéda au contraire et eut après lui cette prélature, aussi bien que ses abbayes. Or il est sûr, selon eux, que ce cardinal possédait en 1537 l’abbaye de Nanteuil, qu’en 1546, il jouissait de celle de Fontfroide, et qu’en 1541, il avait l’administration épiscopale de Grasse. Peut-être se trouvera-t-il quelqu’un assez zélé pour la mémoire de ces Messieurs, qui nous rpivera clairement que Theocrenus et le cardinal Trivulce étaient en même temps l’un évêque et l’autre administrateur de l’évêché de Grasse. » {c}


  1. « Reip. Genuensis Tabularius » (note de Vitry).

  2. Benedicti Theocreni, Episcopi Grassensis, Regis Francisci liberorum Præceptoris, Poemata, quæ juvenis admodum lusit [Poèmes que Benedictus Theocrenus, évêque de Grasse et précepteur des enfants du roi François, s’est fort amusé à composer dans sa jeunesse] (Poitiers, frères Marnef, 1536, in‑4o).

    Une épigramme du poète latin français Jean Salmon Macrin (Salmonius Macrinus, Loudun 1490-ibid. 1557) tient lieu d’épître au bienveillant lecteur :

    Qui Theocreneæ præludia læta juventæ
    Hocque novum voluis candide lector opus :
    Unguibus e teneris fulvum metire leonem,
    Et tibi sint posthac qualia danda puta.
    Nam si adeo pulchros tulit ætas primula flores,
    Serior ô quantis fructibus uber erit ?
    Et meus (ut fama est) etiamnum munera vates
    Quæ sint sacrifico Præsule digna, parat.
    Ergo hæc luxurie herbarum spem concipe lætam,
    Dum maiore fluat proxima messe seges
    .

    [Toi, bienveillant lecteur, qui as voulu ce nouvel ouvrage, où sont les heureux préludes à la jeunesse de Théocrène, juge le fauve lion dès son âge le plus tendre, et pense à ce qu’ils doivent te donner plus tard. Si la prime jeunesse a produit de si belles fleurs, que de fruits ne donnera-t-elle pas quand elle aura mûri ? Et mon cher évêque se dispose à des charges qui seront dignes d’un prélat. Que cette profusion de pousses nourrisse en toi l’espérance d’une plus riche récolte lors de la prochaine moisson].

  3. Le P. de Vitry fustigeait vertement les jumeaux Scévole ii et Louis de Sainte-Marthe, auteurs de la Gallia Christiana [France chrétienne], {i} où, dans leur liste des Grassenses episcopi [Évêques de Grasse], ils ont mis le cardinal Trivulce {ii} au 50e rang chronologique, en tant que Grassensis Administrator 1541 [administrateur de Grasse en 1541], devant Theocrenus, Episcopus Grassæ an. 1548 [évêque de Grasse en l’an 1548].

    Dans l’impressionnante liste des épiscopats de Trivulse, The cardinals of the Holy Roman Church disent Trivulce abbé de Nanteuil et de Fontfrède en 1540, et administrateur du siège de Périgueux de 1541 à sa mort, mais sans fonction liée à celui de Grasse. Toutefois, la liste fournie par Wikipedia donne raison à Vitry en comptant Trivulce parmi les évêques de Grasse (1537-1548, ce que confirme la notice du Wikipedia italien), à la suite de Theocrenus (1534-1536). La notice épiscopale de Theocrenus cite l’épigramme de Macrin. {iii}

    La liste des abbés est dans le tome iv de la même Gallia Christiana :

    • Theocrenus y figure comme le 60e abbé de Fontfroide (Fonsfrigidus) de 1532 à 1546, et Trivulce comme 61e, de 1546 à 1548 (page 437, 1re colonne, repères A‑B) ;

    • Theocrenus, Episcopus Grassensis, y est désigné comme abbé de Nanteuil-en-Vallée (Nantolium in Valle) en 1534, suivi par Trivulce en 1537 page 680, 2e colonne, repères C‑D.

      1. Édition de Paris, Edmond Pepingué, 1656, in‑4o, tome ii, page 602 vo.

      2. Agostino Trivulzio (Milan vers 1485-Rome 1548), reçu en 1517.

      3. V. notule {b} supra.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 1, note 12.

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(Consulté le 19/04/2024)

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