Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit, note 12.
Note [12]

Triade 12.

Elle est empruntée à Jean-Baptiste de Saint-Jure, L’Homme spirituel, {a} première partie, chapitre iii, section xvi, Du Don de Science (pages 389‑390) : les « sciences » incluaient tout le savoir humain de l’époque ; ce que nous appelons ainsi aujourd’hui (physique ou « histoire naturelle », mathématiques, médecine, etc.) appartenait alors à la philosophie. Les deux « etc. » du Borboniana ne sont pas dénués d’intérêt (j’ai rappelé en italique et entre crochets les passages qui les précèdent dans la citation du Borboniana).

  • Premier et cætera, sur la théologie :

    « [(…) les hommes savants se servent pour prouver les vérités de notre religion à ceux qui les ignorent], et les défendre contre les hérétiques et les autres qui les combattent. Cette science s’acquiert pour l’ordinaire par étude, et avec travail ; quelquefois aussi, c’est un don gratuit, que Dieu confère {b} à de certaines personnes qu’il veut employer à ce ministère, et peut, aussi bien que la première, se trouver dans une âme vicieuse et méchante. En effet, il arrive que plusieurs, dont les mœurs sont libertines et la vie déréglée, soutiendront doctement tous les points de notre créance contre les attaques de nos adversaires, en feront voir clairement et judicieusement la vérité aux infidèles et la leur persuaderont avec grande force, ce que plusieurs hommes vertueux ne pourraient faire. » {c}

  • Second et cætera, sur la science des saints (béatitude, mysticisme) :

    « [(…) un des sept dons du Saint-Esprit, {d} et une lumière surnaturelle], que cet Esprit divin communique à l’âme juste, laquelle lui fait connaître les choses créées dans leur point principal et dans leur vrai jour, c’est-à-dire dans les desseins de leur création ; de sorte que l’âme les regarde dans les liaisons et les enchaînements qu’elles ont aux fins et intentions pour lesquelles Dieu les a faites ; elle rapporte là toutes ses connaissances, sans les détourner ailleurs, et fait servir les créatures à son salut, et en tire des sujets d’admirer, de louer, de bénir, de remercier et d’aimer leur Créateur.

    Cette science n’est point par raisonnement comme celle des philosophes et des théologiens, d’autant qu’elle ne dépend par du discours de l’entendement, mais de la lumière du Saint-Esprit, qui fait un jour dans l’âme et lui découvre les choses tout à coup. »


    1. Paris, 1648, v. supra note [11], triade 11.

    2. Le don gratuit est une faveur accordée par Dieu « avant la prévision des mérites, ante prævisa merita » (Trévoux).

    3. Autrement dit, païens (philosophes préchrétiens), hérétiques (protestants, musulmans) et athées (libertins dits érudits) peuvent contribuer au progrès de la théologie.

    4. Dons spirituels ou charismes définis par saint Paul (Première Épître aux Corinthiens, 12:4‑11) : 1. sagesse, 2. science, 3. foi ; et pouvoirs 4. de guérir, 5. de faire des miracles, 6. de prophétiser et 7. de comprendre les langues étrangères.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit, note 12.

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(Consulté le 23/04/2024)

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