V. note [16], lettre 15, pour Jean de Renou et son Dispensatorium, traduit en français sous le titre des Œuvres pharmaceutiques du Sr Jean de Renou, conseiller et médecin du roi à Paris, augmentées d’un tiers en cette seconde édition par l’auteur, puis traduites, embellies de plusieurs figures nécessaires à la connaissance de la médecine et pharmacie, et mises en lumière par M. Louis de Serres, {a} Dauphinois, docteur en médecine, et agrégé à Lyon (Lyon, Nicolas Gay, 1637, in‑fo). Le chapitre xv, du Vif-argent, dans le Second livre de la Matière médicale, Première Section, Des Minéraux, occupe les pages 403‑405 : « L’argent-vif n’est autre chose qu’un vrai monstre, et un Protée {b} en nature. »
Le passage qui a inspiré Guy Patin, presque mot pour mot, se lit pages 404‑405 :
« Pour ce qui concerne les qualités du mercure, elles sont encore indécises et non jugées, le procès en étant encore au croc : {c} les uns le croient chaud, les autres froid, en suite des effets qu’on lui voit produire, ainsi que nous l’avons déjà dit ci-dessus. Et de fait, Jules Paulmier, médecin de Paris, et avec lui plusieurs autres qui ont suivi l’opinion d’Avicenne, croient et affirment qu’il est froid et humide ; et au contraire, Fracastorius, Tomitanus {d} et une infinité d’autres soutiennent vivement qu’il est chaud, ayant aperçu qu’il avait en soi une certaine qualité âcre et corrosive. Mais quant à moi, je crois avec Trajan<o > qu’il est d’un tempérament composé et mélangé de chaud et de froid, respectivement, et que par conséquent, il tient de l’une et l’autre qualité comme ayant en soi quelques parties chaudes et subtiles, d’une part, et quelques autres froides et grossières, d’une autre ; et que néanmoins, il est doué, outre cela, de plusieurs autres belles vertus car il est incisif, pénétratif, colliquatif, résolutif et purgatif ; et, < ce > qui est encore plus étrange, il attire, d’un côté, du centre du corps en la superficie d’icelui les humeurs séreuses, par sa vertu puissamment impulsive, et excite le flux de bouche, qu’on appelle autrement salivation ; et de l’autre, il attire de la circonférence au centre les humeurs peccantes en les faisant vider par le bas. Et c’est aussi pour ces deux derniers effets qu’on s’en sert en la vérole ; mais avec si peu d’assurance que, bien souvent, étant employé en intention de provoquer le flux de bouche, il ne survient autre chose que le flux de ventre ; et au contraire, on voit ordinairement que si on le donne pour lâcher le ventre, il ne fait autre chose que provoquer le flux de bouche, […]. » {e}
- V. note [37], lettre 104.
- V. note [8], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656.
- « On dit qu’un procès est pendu au croc, quand on ne le poursuit plus » (Furetière).
- Bernardino Tomitano (Padoue 1517-ibid. 1576), médecin italien auteur de De Morbo Gallico libri duo [Deux livres sur le Mal français] (Venise, 1567).
- Les plus curieux pourront ici comparer le latin de Patin (v. 3e page de la transcription) à celui de Renou :
De qualitatibus autem hydrargyri adhuc certatur : alii enim calidum, alii frigidum ab effectis contendunt, ut dictum est ; Avicenna, quem Palmarius Medicus Paris. atque alii multi sequuntur, frigidum et humidum asseverant. Fracastorius, Tomitanus, atque plerique alii, qui qualitatem erodentem illi tribuunt, calidum perhibent. Ego cum Traiano qualitatis mixtæ contendo, in eoque qualitates quasdam esse subtiles et calefacientes, alias crassiores et refrigerantes ; sed præterea multas adhuc alias dotes possidere. Incidit enim, attenuat, penetrat, liquat, resolvit, ventrem subducit, et quod mirum est, vi partim attractiva humores à superficie ad centrum, hoc est, ad ventriculum adducit, et per secessum educit, partim impulsiva à centro ad habitum impellit, et per salivationem propellit. Ad effectum utrumque datur in morbo Italico ; sæpe datur ad salivationem, cuius loco supervenit alvi fluor, ut aliquando ad ventris fluorem, cuius loco supervenit salivatio.
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