À Charles Spon, le 15 décembre 1654, note 14.
Note [14]

« dont quelqu’un m’a appris qu’il avait échangé cette traduction contre de quoi manger pour quelques mois ».

V. notes [11], lettre 333, et [55], lettre 348, pour la Légende de l’antimoine (1653) dont ceux de Montpellier et les antimoniaux de Paris accusaient Patin d’être l’auteur, et [13], lettre 207, pour la traduction en latin du Médecin charitable de Philibert Guybert par Guillaume Sauvageon durant le siège de Paris en 1649.

L’attaque de Montpellier contre le Médecin charitable se trouve dans la section cxxvii, Pratique des Parisiens (pages 184‑186) de la Seconde Apologie… : {a}

« Quelques-uns d’entre vous {b} passent si avant que de dire que dorénavant ils veulent guérir toutes les maladies avec la seule saignée et le séné. Le sieur Patin n’est guère éloigné de là quand il dit qu’avec la seule saignée et la seule eau, il veut faire mirabilia {c} sur les malades. Je m’étonne qu’il se départe du son car sa présidence {d} fut un jour si hardie que de conclure au bannissement de toutes les drogues et compositions des apothicaires, comme le tout n’étant que bagatelles et de nulle valeur, et qu’il suffit pour toutes les maladies la saignée et le breuvage de l’eau pure ; langage d’une ignorance asinine {e} et d’une impudence de charlatan. Si ledit sieur Patin est cru en sa rêverie, que deviendra votre Charitable ? Ne s’est-il point moqué du monde quand, le faisant parler latin, il l’a fait appeler Officiosum ? Que deviendra votre Codex, l’enfant de quarante ans, quoique fort maigre et défiguré, et lequel le serait encore beaucoup davantage si on en retranchait ce que le sieur Patin n’approuve point ? Aussi ce n’est point ni de son gibier, ni de sa portée. Je crois que le sieur Patin a un grand dessein de faire un coup de maître dans la médecine avant mourir, à savoir de donner une méthode de guérir les malades en les faisant rire à gorge déployée ; véritablement, elle serait belle et fermerait à chaux et à sable la porte des boutiques des chirurgiens et pharmaciens. Si cela est, il aura plus de disciples que Théophraste et rendra l’île de Paris plus renommée que ne fut jamais l’île de Cos ; de sorte qu’on la pourra nommer la Philomide {f} ou la rieuse ; et la fille d’Hippocrate qui rend encore des oracles en son pays, se changera {g} à Paris pour y apprendre ce que son père n’a jamais su, quoiqu’il ait été particulier ami de Democritus ; {h} mais le sieur Patin faisant cela, ne fera rien qu’un âne n’aie déjà fait en mangeant des figues devant le lit de son maître malade. »


  1. Paris, 1653, v. note [54], lettre 348.

  2. Docteurs régents de Paris.

  3. Des merveilles.

  4. De thèse.

  5. D’âne.

  6. φιλομειδης, qui aime les sourires.

  7. Transportera.

  8. Allusion à tout ce qu’Hippocrate a écrit dans ses Lettres sur le philosophe Démocrite d’Abdère (v. note [9], lettre 455), qu’on lui demanda de soigner parce qu’on le tenait pour fou.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 15 décembre 1654, note 14.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0384&cln=14

(Consulté le 20/04/2024)

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