Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 14.
Note [14]

Cette référence a été ajoutée dans la marge du manuscrit.

Catéchisme ou Introduction au Symbole de la Foi, divisée en quatre parties. Où il est traité De l’œuvre admirable de la création du monde, De l’excellence de notre Foi et Religion Chrétienne, Du mystère de notre Rédemption, et autres mystères de la Foi. Composée en espagnol par le R.P. et Docteur Louis de Grenade de l’Ordre de saint Dominique, {a} et mise en français par N. Colin, chanoine et trésorier de l’église de Reims. {b}

Cet ouvrage abonde en considérations sur l’impossibilité de prouver la foi par la raison, {c} mais je n’y ai pas trouvé d’allusion explicite à la pierre philosophale. {d} À titre de purs exemples, guidé à tâtons par Aristote et son « premier mobile », {e} et faute mis la main sur une édition in‑4o qui ne soit pas anachronique, j’ai retenu deux professions de philosophie chrétienne, inspirée par la foi.

  • Sur les passions humaines (pages 71 vo‑72 ro) :

    « Parce qu’advenant que ces passions, qui sont en la partie inférieure de notre âme, suivent l’instruction et commandement de la partie inférieure d’icelle (où est {f} l’entendement et la volonté), embrassant ce que la raison leur met en avant, alors nous usons bien d’icelles, quand nous nous en servons à la fin pour laquelle elles nous ont été baillées. Et Aristote dit que ce mouvement est semblable à celui des cieux inférieurs, lesquels se meuvent selon le mouvement du supérieur (qu’ils {g} appellent premier mobile), lequel se meut d’orient en occident, tournant tout le monde en un jour naturel. Car tout ainsi que c’est chose convenable que les cieux inférieurs suivent le mouvement du supérieur, aussi l’est-il que ces passions de la partie inférieure de notre âme suivent le régime et gouvernement de la partie supérieure d’icelle.

    Mais quand elles suivent une autre étoile de Nord, c’est-à-dire quand (abandonnant la raison) elles se meuvent et conduisent par l’imagination et appréhension des choses sensuelles (qui est {f} un guide fort aveugle), alors elles s’égarent et se détournent du droit chemin, pour avoir suivi ce si aveugle conducteur. Et ce mouvement est, par le même philosophe, comparé au mouvement contraire des planètes, lesquelles se meuvent < alors > d’occident en orient : donnant à entendre qu’il n’est ni décent ni convenable que les inférieurs ne se conforment aux commanddement de leurs supérieurs. »

  • Sur la joie que procure la croyance en Dieu (page 179 ro, repère B) :

    « Pour entendre le fondement et la cause de cette joie, il faut premièrement présupposer que (comme dit Aristote) la connaissance des vérités et causes très hautes, et signamment {h} la première vérité (laquelle s’obtient par la fabrique et structure de ce monde, et par le bel ordre des choses créées), bien qu’elle soit petite et de peu de certitude, si est-ce {i} qu’elle apporte avec soi un grand plaisir et suavité ; laquelle ce philosophe devait confesser être merveilleusement grande, puisqu’en icelle il mettait la dernière fin et la félicité de la vie humaine. Je dis donc que si la connaissance de Dieu, naturelle et acquise (bien qu’elle soit petite et non beaucoup certaine) apportait avec soi cette si grande allégresse et suavité qu’Aristote dit, combien plus cela sera-t-il cause de la connaissance des vérités que la foi nous enseigne ; laquelle vole et passe par-dessus tous les cieux et par-dessus tous les entendements humains, et arrive où la raison ne peut atteindre ; et ce, non avec doute et peu de certitude (comme les philosophes), ains {j} avec l’infaillible assurance et vérité de Dieu. »


    1. Le dominicain Louis de Grenade, Luis de Sarria, Fray Luis de Granada en religion (Grenade 1504-Lisbonne 1588).

    2. Parmi les éditions antérieures à 1638 j’ai consulté celle de Lyon, Jean Pillehotte, 1592, qui est in‑fo (690 pages).

    3. Sujet déjà abordé dans le Borboniana 2 manuscrit, v. ses notes [38][40].

    4. V. note [34], lettre 117.

    5. V. note [37] du Borboniana 2 manuscrit.

    6. Emploi (courant au xviie s.) du singulier au lieu du pluriel de conjugaison pour un verbe ayant deux sujets.

    7. Les philosophes aristotéliciens.

    8. Notamment.

    9. Sinon.

    10. Mais.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 14.

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(Consulté le 18/04/2024)

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