Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit, note 14.
Note [14]

Triades 19-20.

  1. « La Gaule est triple : Aquitaine, Celtique et Belgique. »

  2. « Il y eut jadis trois sortes d’anciens sages gaulois : druides, bardes et eubages. Voyez les Cosmographiæ selectiora de Jean-Cécile Frey, page 161. »

Les « Sujets fort choisis de Cosmographie » de Jean-Cécile Frey ont (une fois encore, v. supra note [11]) été imprimés après la mort de Nicolas Bourbon : ils forment la 4e partie de ses Opuscula varia. {a} La page 161 appartient au chapitre iv, Mundus est rtia et in quovis quodvis est [Le Monde est trois, quand et comme on veut] :

Et quod mirum est in omni penitus re triplicitas reperitur, vel potius Trinitas : ut animal, vel est rationale ut homo, vel irrationale, ut brutum, nel nec rationale nec irationale, ut animal genericum. Ita res vel est creata ut creatura, vel increata ut Deus, vel non creata, ut sunt rerum essentiæ. Hoc modo Philosophi omnes experiri possunt in quavis re Trinitatem.

Et quia in Gallia docemus, Trinitas hic etiam ostendenda est.

Sunt tres Galliæ, Aquitanica, Belgica, Celtica. Sunt tres Galliæ, Cisalpina, Transalpina, Inalpina. Sunt tres linguæ Indigenæ, Biscaina, Britonica et Belgica. Sunt tres linguæ adventitiæ Græca, Latina, Franca. Sunt tres ordines Ecclesiasticus, Nobilitatis et Populi. Sunt tres Regiæ stirpes Merovingea, Carolomagna, Capeta. Tripliceque sapientes fuere Druidæ, Bardi, Eubages […].

[Il est admirable qu’une triplicité, ou plutôt une trinité, se trouve en presque tout ce qui existe. Ainsi en est-il de l’animal, qui est : soit rationnel, comme l’homme ; soit irrationnel, comme la bête brute ; soit ni l’un ni l’autre, comme l’animal en général. De même, une chose est : soit créée, comme est une créature ; soit incréée, comme est Dieu ; soit non créée, comme sont les essences des choses. {b} De cette façon, tous les philosophes peuvent dénicher une trinité là où ils veulent.

Et puisque nous enseignons en France, {c} il me faut ici faire voir sa trinité.

Il y a trois Gaules : Aquitaine, Belgique, Celtique. Il y a trois < autres > Gaules : Cisalpine, Transalpine, Alpine. {d} Il y a trois dialectes : basque, breton, flamand. Il y a trois langues importées : grec, latin, franque. {e} Il y a trois états : ecclésiastique, noble, tiers. Il y a trois dynasties royales : Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens. Les sages y ont été de trois sortes : druides, bardes, eubages {f} (…)].


  1. « Opuscules divers », Paris, 1646, v. note [12], lettre 7.

  2. L’essence est « ce qui détermine la nature d’une chose, qui est absolument nécessaire pour la faire être ce qu’elle est. En philosophie on appelle essence ce que l’on conçoit de premier en une chose, et on le distingue de son acte, qu’on appelle son existence » (Furetière).

  3. Frey enseignait la philosophie dans les collèges parisiens, il était aussi médecin docteur non régent de la Faculté (v. note [30] des Décrets et assemblées de la Faculté de médecine de Paris en 1651-1652).

  4. La contorsion géographique ne peut s’entendre qu’en divisant les Gaules en deux parties : occidentale (Aquitaine, Belgique, Celtique ou Lyonnaise) et orientale (sud-est alpin incluant le nord de l’Italie), mais ces limites et dénominations géographiques ont varié depuis la Rome antique.

    Le Dictionnaire de Trévoux (1473-1752) a ainsi défini l’adjectif « belgique » :

    « qui appartient aux Belges, qui concerne les Belges. Belgicus. Ce mot se disait autrefois par rapport au peuple gaulois, qu’on appelait Belges. Aujourd’hui il est fort bien reçu dans notre poésie, et pourrait même trouver place dans la prose, pourvu qu’on en usât sobrement, pour signifier ce qui concerne les peuples des Pays-Bas. Ainsi nous disons, “ Nos bataillons, nos armées ont inondé les plaines Belgiques ”, etc. »

  5. « On appelle langue franque un certain jargon composé non seulement du français, de l’italien et de l’espagnol, mais encore de plusieurs autres langues, qui est en usage entre les gens de marine de la Méditerranée et les marchands qui vont négocier dans tout le Levant. Ce jargon est un idiome de toutes les langues, en sorte qu’avec un pareil patois on se fait entendre à toutes les nations. Ce mot est dans le Dictionnaire [de Furetière] sous franche, il fallait y mettre un renvoi à franque » (Trévoux).

  6. Les druides étaient les prêtres de l’ancienne Gaule, dont Chartres fut la capitale (v. note [12], lettre 287) ; les bardes en étaient les poètes et musiciens ; et les eubages, les savants, principalement dévolus à l’astrologie divinatoire.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit, note 14.

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(Consulté le 18/04/2024)

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