À Charles Spon, le 11 janvier 1650, note 15.
Note [15]

Charlotte-Marguerite de Condé, mère de M. le Prince, était la princesse douairière (v. note [6], lettre 193).

Mme de Motteville (Mémoires, pages 320‑321) :

« La duchesse d’Aiguillon, apprenant cette nouvelle, fut au désespoir ; ceux qui ont des enfants ou des neveux qui leur tiennent lieu d’enfants, qui ont de l’ambition et de grands biens, le peuvent aisément juger. Cette dame, qui avait du mérite et du courage, soutenant son malheur par la force de son âme, dépêcha aussitôt un courrier au Havre, où elle commandait, par ordre du feu cardinal de Richelieu, jusqu’à la majorité de son neveu, pour empêcher qu’il n’y fût reçu d’abord. M. le Prince, le lendemain des noces, l’avait fait partir pour y aller et lui avait dit qu’en toutes façons il fallait qu’il s’en rendît le maître. La reine, de son côté, envoya de Bar pour se saisir de cette place et pour empêcher, s’il le pouvait, que M. le Prince par cette voie ne donnât au duc de Longueville, son beau-frère, la possession entière de la Normandie. Quand M. le Prince fut de retour de cette expédition, il vint chez la reine avec le même visage qu’à l’ordinaire ; et quoiqu’il sût qu’elle avait désapprouvé cette action et qu’il sût aussi que Bar était parti pour aller s’opposer à ses desseins, il ne laissa pas de l’entretenir des aventures de la noce, et en fit devant elle des contes avec beaucoup de gaieté et de hauteur. La reine lui dit que Mme d’Aiguillon prétendait faire rompre le mariage à cause que son neveu n’était pas en âge. Il lui répondit fièrement qu’une chose de cette nature, faite devant des témoins comme lui, ne se rompait jamais. Enfin ce prince, qui avait trouvé mauvais que la reine eût gourmandé Jarzé {a} sans lui en parler, ne put trouver juste qu’elle sentît comme une rébellion qu’il eût marié un duc et pair de France sans la permission du roi et avec desseins visiblement mauvais. Il est du devoir des personnes de cette qualité de ne le point faire sans l’agrément du roi, vu le rang qu’ils tiennent dans son royaume ; mais alors, il fallut feindre et la reine le fit si bien que M. le Prince y fut trompé à son tour. »


  1. V. note [16], lettre 209.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 11 janvier 1650, note 15.

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(Consulté le 29/03/2024)

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