À André Falconet, le 20 août 1660, note 15.
Note [15]

Comme Homo homini lupus (« L’homme est un loup pour l’homme », v. note [3], lettre 127), Homo homini Deus [L’homme est un dieu pour l’homme] est un des Adages qu’Érasme a commentés (no 69) :

Non admodum hinc abludit et illud : Ανθρωπος ανθρωπου δαιμονιον, id est Homo homini deus quod dici solet de eo, qui subitam atque impetratam attulit salutem aut qui magno quopiam beneficio juvit. Antiquita, enim nihil alud existimabat esse deum quam prodesse mortalibus.

[Celui-ci est très proche du précédent : {a} l’homme est un dieu pour l’homme se dit couramment de qui a fourni un secours imprévu et inespéré, ou a rendu quelque grand service ; car les Anciens pensaient qu’être dieu n’était rien d’autre qu’être utile aux mortels]. {b}


  1. L’adage qui précède est Deus ex improviso apparens [Un dieu intervient à l’improviste], équivalent de Deus ex machina (v. note [33], lettre 152).

  2. La suite explique que les païens ont déifié les inventeurs de ce qui leur est indispensable : céréales, vin, lois, etc.

La suite de la phrase, que Guy Patin attribue aussi à Érasme, est obscure. Les transcriptions antérieures de cette lettre ont varié : Lupus lupinam non est (Bulderen), Lupus lupinum non est (Reveillé-Parise) ; ce qui, dans les deux cas, est intraduisible car dénué de sens et de syntaxe. Même sans en avoir trouvé confirmation dans Érasme, j’ai proposé et Lupus lupo [deus] non est, « mais le loup n’est pas [un dieu] pour le loup », qui correspond à peu près au contexte : les partisans, sans être ni dieux ni loups, peuvent s’entre-dévorer (comme font les loups).

Ces adages avaient déjà inspiré Guy Patin dans sa thèse « L’homme n’est que maladie » (1643) (fin de l’article iii, v. sa note [38]) :

Per Naturam homo homini lupus, ut per medicinam homo homini Deus.

[La Nature fait de l’homme un loup pour l’homme, mais avec la médecine l’homme devient un dieu pour l’homme].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 20 août 1660, note 15.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0630&cln=15

(Consulté le 20/04/2024)

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