À Johann Caspar I Bauhin, le 10 février 1633, note 16.
Note [16]

Né en 1615, Philippe Riolan, abbé de Saint-Pierre de Flavigny en Bourgogne (v. note [12], lettre 301), était le fils aîné de Jean ii Riolan, le mentor de Guy Patin (v. note [7], lettre 51). Dans son Histoire de sainte Reine d’Alise et de l’abbaye de Flavigny (Paris, veuve Herissant et Théophile Barrois, 1788, in‑12, pages 422‑425), André-Joseph Ansart a relaté les chicanes qui accompagnèrent l’acquisition de ce bénéfice :

« L’an 1630, Edme de Griselle résigna son abbaye, de l’agrément du roi et de l’autorité du pape, à Philippe de Riolan, qui lui donna deux gros prieurés en échange. […]

Philippe de Riolan […] prit possession de son abbaye le jour de Noël 1630. {a} Ses bulles et le serment de fidélité qu’il prêta devant l’Official de Paris se trouvent encore dans les archives de l’abbaye. Cet abbé, après sa prise de possession, retourna à Paris pour y continuer ses études, sans avoir rien réglé avec les religieux sur leurs prétentions et sans avoir ordonné aucune réparation. Les bénédictins n’ayant eu de lui aucune réponse satisfaisante sur les demandes qu’ils lui avaient faites, dressèrent un mémoire bien détaillé, pour ce qui concernait leurs prébendes, {b} les ornements et les livres de l’église, le chauffage, le droit d’entrée, le banvin, {c} les officiers, etc. Ils députèrent à Paris Dom Millotet et Dom Fillotte, prieur de Saint-Georges, pour traiter de tous ces articles avec l’abbé. Il y eut transaction : elle porte que pour terminer le procès prêt à naître entre l’abbé et les religieux, et vivre en paix, comme ils doivent, on pourvoira aux prébendes de pain et de vin, conformément aux arrêts rendus ci-devant à ce sujet ; que l’abbé livrera six queues de vin {d} pour les pauvres ; qu’il avisera aux moyens de réparer les bâtiments, les ornements et livres de l’église ; que le traité fait avec son prédécesseur pour le chauffage sera exécuté ; que pour son droit d’entrée, il leur accorde 200 francs tournois ; qu’il donnera 30 livres par an pour les malades ; qu’il permet aux religieux l’usage du banvin du mois d’août ; que pour les festins, ils se pourvoiront auprès de ses administrateurs ; que le choix, institution et destitution des officiers de justice appartiendront à l’abbé seul ; mais qu’il recevra l’avis des religieux sur les vies, mœurs et capacité de ceux qui se présenteront, à moins qu’ils n’aient titres à ce contraires ; enfin, qu’il donnera ses soins pour que les étrangers, hôtes, etc. soient bien reçus. N’avait-on pas lieu d’espérer, après toutes ces conventions, de voir bientôt le rétablissement des lieux réguliers {e} et l’exécution des autres conditions de ce traité. Toutes ces belles promesses n’eurent aucun effet, tout demeura dans le même désordre. L’abbé Riolan donna pourtant un calice d’argent, quelques ornements à l’église, et de l’argent pour faire refondre deux cloches et réparer le grand clocher.

Il s’éleva une nouvelle contestation entre les bénédictins et les fermiers de l’abbé sur la qualité du pain, gâteaux salés, etc. qui leur étaient dus pour les prébendes. On convint qu’au lieu de pain et de gâteaux, M. l’abbé leur paierait 300 livres tous les trois mois ; la transaction fut signée dans le chapitre, le 7 juillet 1641. » {f}


  1. Philippe Riolan, dont le patronyme est ici paré d’une particule douteuse, n’était alors âgé que de 15 ans.

  2. V. note [6] du Borboniana 10 manuscrit.

  3. Le banvin était un privilège ou droit qui donnait pouvoir aux seigneurs et aux abbés de vendre le vin de leur cru durant le temps porté par les coutumes ou par leurs titres, à l’exclusion de tous les autres habitants de la paroisse (Furetière).

  4. Queue : futaille contenant environ un muid et demi (autour de 400 litres).

  5. « On appelle les lieux réguliers ceux qui sont dans la clôture du couvent, le cloître, dortoir, chapitre, réfectoire, à la distinction de ceux qui sont pour les hôtes et pour le ménage de la maison, réputés hors la clôture » (Furetière).

  6. On perd trace de Philippe Riolan après 1670, époque où il se démit de son abbaye de Flavigny par permutation en faveur d’Antoine Sabatier, bénéficier du prieuré bénédictin de Cherré dans l’actuel département de la Sarthe.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Caspar I Bauhin, le 10 février 1633, note 16.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1020&cln=16

(Consulté le 06/12/2024)

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