À Johann Georg Volckamer, le 12 juillet 1663, note 16.
Note [16]

Renvoi à ce passage de la thèse de Christoph Nicolaï (v. supra note [6]), article xlviii, pages 18‑19 :

Sic videmus canes, sola remotione puris per linguam, maxima vulnera curare, non tamen audeo negare eorum salivam ad sanationem nihil conferre, deprehendimus enim, salivam humanam pluribus in casibus prodesse. Vide […] Francisc. Ponæ Saturnal. Academico Med. prolus. 8. p. 136.

[Ainsi voyons-nous les chiens se soigner de grandes plaies en en retirant seulement le pus avec leur langue ; je n’ose pourtant nier que leur salive ne contribue en rien à la guérison, car nous découvrons que la salive humaine est utile dans de nombreuses circonstances. Voyez (…) les Saturnalia academico-medica de Francesco Pona, prélude 8, page 136].

Les Academico-Medica Saturnalia [Saturnales (ouvrage où tous les sujets sont permis) académico-médicales] (Vérone, sans nom, 1652, in‑4o) de Francesco Pona (Vérone 1595-1655), philosophe, poète satirique et docteur en médecine de Padoue, sont composées de neuf Prolusiones [Préludes]. Chacun d’eux est un dialogue entre un vieux [Senior (Sen.)] et un jeune [Junior (Jun.)] médecin. La thèse renvoie à ce passage (pages 136‑137), aujourd’hui sidérant, du huitième prélude, intitulé Farrago [Pot pourri], portant sur les remèdes qu’on tire du corps humain :

Sen. Vix credi possit, quam magna sit Humani corporis partium facultas. Cranium Epilepticis præstantissimum esse remedium, quis nesciat ? At vel Capillorum suffitus, matricis, sedat vitia, aliisque morbis opitulatur ; Unguium, Serpentes fugat. Aurium sordes impositæ, contumacissimos tumores ad suppurationem perducunt. Saliva Lychenes sistit, hordeolos sanat, variolarum vestigia abolet, et mammarum scyrrhos, et cancros non raro corrigit, lambente lingua, oculorum nebulæ discutiuntur. Demortui hominis molari dente, si dolentes attingas, præsens est auxilium. Ossium polline hausto sanantur fracturæ. Pinguedo sideratis conducit, Lotium Hydropem vincit epotum ; eiusque sal Chymicum suppressam ciet urinam, frangitque calculos. Lapides ex cysti felleo delent auriginem, Stercora denique, Bubones pestilentes feliccissime curant ; aliaque non desunt huiusmodi.
Jun. Quis hæc invenit remedia ?
Sen. Sors, et ratio.
Jun. Marium ne, et Fœminarum corpora indiferenter ad ista faciunt ?
Sen. Mulierum partibus diversa vis inest. Argenti spuma, capillorum admixta cineribus, oculorum pruritum tollit. Lacte sedantur dolores atque inflammationes : et cum hordei farina, mulcentur. Podagræ etiam cruciatus. Hectici quoque ipsius usu restituuntur. Nuda si prodeat mulier, grandinum creditur iniurias abigere : sique menstruata, animalia segeti infesta enecare. Strumas quoque eradicat menstruus, illitu : verrucas facilius : gestatum monili aureo, sanare quartanas perhibetur ; imo et menstruatæ concubitus. Hidrophobiam pellit menstruus, pellui subditus ; quemadmodum et Magicas artes vincit, postes si tingantur ex nonnullorum sententia. Dementat tamen miseros, quibus illum Scortorum obscænitas propinarit.

[Le vieux. L’immensité des facultés que possèdent les parties du corps humain est à peine croyable. Qui ignore que le crâne est un très éminent remède pour les épileptiques ? La fumigation de cheveux {a} apaise les vices de matrice et s’avère secourable dans d’autres maladies ; celle d’ongles fait fuir les serpents. Les tuméfactions les plus opiniâtres évoluent vers la suppuration quand on y applique de la cire d’oreilles. La salive arrête les lichens, {b} guérit les orgelets, {c} efface les cicatrices de la variole ; souvent, en les léchant avec la langue, les squirres et les cancers du sein guérissent, et les opacités des yeux se dissipent. Tu procureras un soulagement efficace à ceux qui ont mal en les touchant avec une dent molaire prélevée sur un homme mort. On consolide les fractures en faisant absorber de la fine poudre d’os. La graisse est avantageuse à ceux qui ont subi une insolation. En la buvant, l’urine chasse l’hydropisie, et son sel chimique résout la suppression d’urine et brise les calculs. Les pierres de la vésicule biliaire chassent la jaunisse. Les matières fécales, enfin, viennent très heureusement à bout des bubons pesteux. {d} Il ne manque pas d’autres remèdes de ce genre.
Le jeune. Mais qui donc les a inventés ?
Le vieux. Le hasard et la raison.
Le jeune. Les corps masculins et féminins ont-ils des propriétés différentes ?
Le vieux. Les parties des femmes possèdent des pouvoirs distincts. L’écume d’argent {e} mêlée de leurs cheveux soulage le prurit oculaire. Leur lait calme les douleurs et les inflammations ; {f} mêlé à de la farine d’orge, il les adoucit, même chez celui que torture la goutte ; en en consommant, les hectiques {g} reprennent des forces. Si une femme se montre nue, elle fera, croit-on, disparaître les blessures provoquées par la grêle ; et si elle a ses règles, elle fera périr les petits animaux nuisibles à la récolte. Les écrouelles {h} guérissent en les oignant de sang menstruel, et les verrues plus efficacement encore. On guérit les fièvres quartes en couchant avec une femme qui porte un collier d’or, {i} ou mieux encore, qui a ses règles. Appliqué sur la peau, le sang menstruel combat l’hydrophobie ; {j} de même, au jugement de certains il contrarie les maléfices si on en baigne les yeux. Toutefois, il rend fous les malheureux à qui l’obscénité des prostituées en a fait boire].


  1. Exposition aux fumées émanant des cheveux brûlés.

  2. V. la triade 74 du Borboniana manuscrit, notule {c}, note [39].

  3. Petits furoncles siégeant au bord libre des paupières.

  4. V. note [6], lettre 5.

  5. Scorie rejetée par l’argent en fusion.

  6. V. note [6], lettre latine 412.

  7. V. note [8], lettre 98.

  8. V. note [10], lettre 274.

  9. Pour la traduction, j’ai pris l’accusatif masculin gestatum [qui est porteur] pour un féminin gestatam [qui est porteuse].

  10. La rage, v. note [2], lettre de Hugues ii de Salins, datée du 16 décembre 1656. Pour la traduction, j’ai pris pellui pour pelli (datif singulier de pellis, la peau).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 12 juillet 1663, note 16.

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(Consulté le 24/04/2024)

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