Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 16.
Note [16]

« Voyez de Thou, tome 2, page 787. »

Le livre li de l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (année 1572, règne de Charles ix) a raconté les derniers jours du pape Pie v (v. note [3], lettre 61), moine dominicain qui avait été élu en 1566 (Thou fr, volume 6, pages 332‑333) :

« À l’égard de Pie v, il fut attaqué, dès le commencement de l’année, d’une fièvre lente, sans que cette indisposition interrompît son travail accoutumé et ses longues prières. Au mois de mars, ses douleurs des reins augmentèrent considérablement, et ses urines se trouvèrent chargées de pus. Il crut alors devoir recourir au lait d’ânesse, {a} son remède ordinaire ; mais l’ayant pris en trop grande quantité, son estomac en fut si malade qu’il tomba dans une fièvre aiguë, et que pendant quelque temps on le crut mort. Néanmoins, il reprit des forces, monta le jour de Pâques à la tribune, bénit le peuple à son ordinaire et lui fit une exhortation. Il avait visité auparavant, presque toujours à pied, les sept principales églises de Rome, comme s’il eût voulu leur dire adieu ; après quoi, il ne songea qu’à se débarrasser entièrement de toutes les affaires, pour ne s’occuper que de la mort. Enfin, ayant reçu le viatique, {b} de la main du cardinal Alexandrin, {c} qui était arrivé de France depuis quelques jours, il mourut deux heures avant la nuit le premier mai, dans la soixante-huitième année de sa vie, et la septième de son pontificat. À cette nouvelle, le peuple ne put cacher sa joie : accoutumé à la licence, il portait une haine secrète à ce vieillard chagrin et de mœurs austères. {d} On détestait surtout la rigueur du tribunal de l’Inquisition sous son pontificat, rigueur insupportable à des gens libres. C’était d’ailleurs {e} un saint homme, éloigné de l’avarice et de tout intérêt sordide, et qui ne songea jamais à enrichir sa famille. Cependant, un caractère de négligence, un abord difficile pour ceux qui avaient des plaintes à faire, un manque d’application aux affaires de l’État, où il n’entendait rien, laissèrent un champ libre à l’insatiable avidité de ceux de sa famille qu’il avait élevés aux premières charges de l’état ecclésiastique, suivant l’usage ordinaire de cette Cour : en sorte qu’ils firent impunément sentir aux Romains les effets de leur avarice et de leur hauteur pendant tout son pontificat. »


  1. V. note [3], lettre 153.

  2. V. note [15], lettre 251.

  3. Michele Bonelli, moine dominicain, petit-neveu de Pie v, nommé cardinal en 1566, légat en France en 1571. Pie v l’avait précédé dans le titre de cardinal Alexandrin (c’est-à-dire natif d’Alessandria, v. notule {g}, note [43] du Naudæana 2).

  4. V. note [18], lettre Nuadæana 4 pour l’antipathie profonde des Romains à l’encontre des papes issus des ordres monastiques.

  5. Sinon.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 16.

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(Consulté le 18/04/2024)

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