Note [17] | |
Jacques-Paul ou Jacques Spifame (Paris 1502-Genève 1566) avait été conseiller au Parlement, président aux Enquêtes et conseiller d’État, avant d’entrer dans les ordres et devenir évêque de Nevers en 1546. Entretenant depuis dix ans un commerce illégitime avec une femme dont il avait eu deux enfants, il déclara en 1578 son adhésion à la Religion réformée au beau milieu d’une messe et se retira à Genève en 1559. Le Conseil de la ville lui accorda les droits de bourgeoisie ; Calvin et Bèze l’admirent au ministère évangélique. Revêtu de ces nouvelles fonctions, Spifame rentra en France et devint pasteur de l’Église d’Issoudun. Lorsque la guerre civile éclata, Condé l’appela à Orléans et le chargea d’une mission auprès de la diète de Francfort. S’en étant acquitté avec succès, il fut à son retour nommé surintendant des affaires de Lyon, ville dont les protestants étaient les maîtres et où Spifame put braver le Parlement qui l’avait condamné, avec d’autres réformés, à être pendu en place de Grève. Il était retourné à Genève après la conclusion de la paix, lorsque la reine de Navarre, Jeanne d’Albret, mère du futur Henri iv, le manda à sa cour. Spifame partit pour Pau où il passa plusieurs mois. Jeanne d’Albret le chargea de conduire à Genève le jeune Henri de Savoie, son parent ; mais à son retour, il tomba rapidement en disgrâce. Il se plaignait tout haut de Jeanne d’Albret qui n’avait pas, disait-il, rempli envers lui ses engagements ; il alla même, dans sa colère croissante, jusqu’à dire que le prince de Béarn (le futur Henri iv) n’était pas le fils d’Antoine de Bourbon, mais celui du ministre Merlin. Jeanne d’Albret, offensée de cet outrage, congédia immédiatement le calomniateur qui retourna à Genève en 1565. Là, un procès en diffamation lui fut intenté par Claude Servin, contrôleur de la Maison de la reine de Navarre, et on l’accusa en outre d’avoir présenté de faux certificats aux pasteurs genevois quand il s’était fait recevoir au ministère. Malgré l’intervention des Bernois en sa faveur, malgré les sollicitations de Coligny, il fut condamné à mort et périt victime de la vengeance de Jeanne d’Albret et de la servile complaisance des magistrats de Genève (G.D.U. xixe s., Popoff, no 2303 et Gallia Christiana). Guy Patin n’a pas été seul à donner d’autres motifs à la condamnation de Spifame par les syndics de Genève. Bayle (note E) cite Jean-Baptiste de Rocolles (Histoire véritable du calvinisme, ou Mémoires historiques touchant la Réformation, opposée à l’Histoire du calvinisme de M. Maimbourg, Amsterdam, sans nom, 1683, in‑12, pages 444‑445) :
Le Borboniana 5 manuscrit est revenu sur la vie tumultueuse de Jacques Spifame : v. ses notes [49], [50] et [51]. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 16 novembre 1645, note 17.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0128&cln=17 (Consulté le 24/09/2023) |