À Nicolas Belin, le 5 juin 1649, note 17.
Note [17]

En froid avec la cour, Condé, arrivé à Paris le soir du 4 juin, en repartit le 8 (Journal de la Fronde, volume i, fos 43 vo‑44 ro) :

« pour aller coucher à Grosbois {a} et poursuivre son chemin le lendemain en Bourgogne, où l’on dit qu’il demeurera deux mois et après s’en ira en Berry. On assure qu’il lui est dû par le roi plus de 12 millions de livres et quelques-uns veulent que cette somme lui soit assignée sur les premiers deniers qui proviendront de la Bourgogne. Lorsqu’il prit congé à Compiègne pour s’en venir ici, la reine le pria de lui prêter 50 mille écus, lesquels il promit de lui envoyer d’ici, comme il a fait ; mais avant que partir, il dit à M. Le Tellier qu’il s’étonnait fort de ce que la reine lui empruntait cette somme puisqu’elle savait bien qu’il n’était pas payé d’aucune chose de ce qui lui est dû et qu’il s’était grandement incommodé {b} depuis ces désordres ; que néanmoins il lui prêterait cette somme parce qu’il sait bien qu’elle en avait besoin, mais que si Sa Majesté lui empruntait à l’avenir, il la priait de s’adresser à ceux qui se sont enrichis du bien public plutôt qu’à lui. Les officiers de la bouche du roi, qui dépendent de ce prince à cause de sa charge de grand maître de France, lui déclarèrent avant son départ qu’ils allaient tout quitter si on ne les payait et qu’ils ne pouvaient plus fournir à la dépense de Sa Majesté ; mais il les pria de patienter encore quelques jours et leur promit de leur envoyer 1 000 écus aussitôt qu’il serait à Paris, pour passer la semaine. Son Altesse {c} étant arrivée en cette ville le 4, comme vous avez su, leur envoya aussitôt cette somme, qui doit durer jusqu’à lundi prochain, {d} auquel jour lesdits officiers menacent de quitter si on ne les paye, et en même temps donna ordre pour emprunter 50 mille écus qu’il avait promis à la reine, lesquels il a trouvés nonobstant les grandes difficultés qu’on fait de prêter de l’argent dans les conjonctures présentes, et les a envoyés. L’on a remarqué que Son Altesse a eu des longues conférences avec le coadjuteur de Paris et le président Charton, {e} et quelques autres frondeurs du Parlement ; ce qui a fait croire à plusieurs que Son Altesse était mal satisfaite de la cour, bien qu’elle n’ait fait paraître aucune marque dont on le puisse conjecturer. L’on a créé en titre d’office 16 maîtres d’hôtel du roi et 36 gentilshommes servants dont les charges seront vendues. »


  1. V. note [8], lettre 853.

  2. Appauvri.

  3. M. le Prince.

  4. 14 juin.

  5. V. note [2], lettre 216.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Nicolas Belin, le 5 juin 1649, note 17.

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(Consulté le 28/03/2024)

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