À Charles Spon, le 3 juin 1654, note 17.
Note [17]

V. note [4], lettre 340, pour la nouvelle édition de l’Ortus medicinæ… [Naissance de la médecine…] de Jan Baptist Van Helmont.

Otto Tachenius (Tachen ou Taken), chimiste allemand du xviie s., né à Herford (Westphalie), mort à Venise, avait d’abord étudié la pharmacie à Lemgo (Westphalie) puis commencé à apprendre la médecine sous la direction d’un praticien de sa ville natale. Coupable de l’avoir volé, il avait été chassé de la maison de ce médecin et était allé cacher sa honte dans les pays étrangers. Il s’était d’abord rendu à Kiel où il était entré comme garçon dans une officine de pharmacien, puis il était allé à Dantzig et ensuite à Kœnigsberg. Vers 1644, il était passé en Italie et avait été reçu docteur en médecine à l’Université de Padoue ; il s’y était établi à Venise où il gagnait beaucoup d’argent en débitant un remède sous le nom de sel de vipère. Le reste de sa vie est peu connu ; on sait seulement qu’il eut de violents démêlés avec Dieterich relativement à ce médicament secret, qu’il attaqua son adversaire dans une diatribe violente qui fut brûlée publiquement à Berlin et que Dieterich lui intenta un procès devant les magistrats de Venise.

On regarde Tachenius comme un des principaux meneurs de l’école chimiatrique. Il fut en effet l’un des premiers qui cherchèrent à propager cette nouvelle doctrine en Italie, y important notamment la doctrine médicale de l’acide et de l’alcali ; mais soit par conviction, soit afin de ménager des esprits fermement attachés à la méthode d’Hippocrate et au système de Galien, il n’affecta pas, comme les autres chimistes, un dédain superbe pour ces deux oracles de la médecine ancienne et s’attacha même à démontrer qu’on retrouve les bases de la théorie chimique dans les écrits d’Hippocrate où il prétendait qu’ils sont enveloppés sous le voile de l’allégorie. Ses ouvrages contiennent une foule de remarques chimiques intéressantes, mais n’offrent aucun intérêt sous le rapport de la médecine proprement dite. Tachenius eut même une grande influence sur la propagation de cette doctrine dans un pays où le galénisme régnait encore sans contestation. Il fut redevable de son influence aux circonstances plutôt qu’au mérite de ses écrits (G.D.U. xixe s. et J. in Panckoucke).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 juin 1654, note 17.

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(Consulté le 24/04/2024)

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