Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : xi, note 19.
Note [19]

Iulii Alexandrini a Neustain in Galeni præcipua scripta Annotationes, quæ Commentariorum loco esse possunt. Accessit trita illa de Theriaca Quæstio. Cum Indice copiosissimo [Annotations de Julius Alexandrinus von Neustein (v. note [24], lettre 1020) sur les principaux écrits de Galien qui peuvent tenir lieu de commentaires. Y est ajoutée cette Question rebattue sur la thériaque] (Bâle, Petrus Perna, 1581, in‑fo). Le de theriaca Tractatus [Traité sur la thériaque] occupe les dernières pages (859‑888) du volume et condamne son emploi dans la peste, comme l’énonce fermement la conclusion :

Demonstravimus, ut, si maxime resiccantia tollendæ putredini conveniant, siccitatis tamen eius respectu, quæ præsertim coniuncta cum putedrinoso calore eo tam acri sit, resicantissima, atque extenuantissima convenire nequeant, cuiusmodi in primis pascilli Theriaci habentur. Tum vero venenum inesse in febribus his manifesto satis (nisi fallor) ostendimus nullum : ut ne hac quidem ratione profutura quicquam sit Theriace : præsertim quoniam qua parte potissima illius dos adversus virulentorum animalium venenum ab omnibus censetur, eius in febribus his ne suspicio quidem ulla : in aliis autem quibusdam maiore ad usus hos commendatione Mithridatium æstimetur. Atque ita, cum neque in peste, pestilentique vere febre, ubi omnium maxime futurum opus erat efficacissimis remediis, usus tamen Theriacæ non satis profuturus esse videatur : longe minus ad lenticularium febrium curationem admittetur. Nam, nec qua pestilentes, atque etiam pestilentissimæ interdum evadunt, ob narratas iam causas, conveniet, nec qua mitiores quandoque, minoresque putredine præditæ videntur, eo quod multo tunc putredinis minor habenda ratio, respectusque sit, febris autem paulo maior quam in putredine ingenti illa. Ut iam semper in febribus cuiuscunque tandem modi continuis omnibus, ablegandus Theriacæ omnino usus esse videatur.

[Nous avons démontré que les remèdes desséchants conviennent parfaitement pour supprimer la putréfaction ; mais que, eu égard à la sécheresse qui la caractérise, il ne peut être opportun de joindre à la chaleur putride, si âcre soit-elle, des médicaments extrêmement desséchants et affaiblissants, parmi lesquels les pastilles thériacales tiennent le premier rang. Nous avons ensuite fait voir, de manière assez claire (me semble-t-il), qu’aucun poison n’entre en action dans les fièvres, si bien que la thériaque n’y est d’aucune utilité ; et ce, principalement, parce que si tout le monde reconnaît sa très puissante vertu contre le poison des animaux venimeux, je soupçonne qu’elle n’en ait aucune dans les fièvres ; certains autres estiment néanmoins que le mithridate y est recommandable. Qui plus est, puisque l’emploi de la thériaque ne semble guère utile dans la peste et dans la fièvre authentiquement pestilentielle, où nous aurions tous besoin de remèdes indéniablement efficaces, il paraît encore bien moins justifié de l’administrer pour traiter les fièvres lentes. {a} De fait, pour les raisons que j’ai dites, la thériaque ne convient pas dans les pestilentes, ni même dans celles qui deviennent extrêmement pestilentes, non plus que dans les fièvres plus douces et de moindre gravité qui semblent parfois liées à une putréfaction : il n’y a pas plus de motif à employer la thériaque quand la putréfaction est très modérée que quand elle atteint son plus plus haut degré d’intensité. Il me semble donc enfin que la thériaque soit à proscrire dans toutes les fièvres continues, de quelque sorte qu’elles soient]. {b}


  1. Lenticularis ayant en latin le sens de lenticulaire (en forme de lentille), j’ai pris febrium lenticularium pour un lapsus, à la place de febrium lentarum.

  2. Cette conclusion est fidèle aux préceptes de Galien. De fait, la recommandation de la thériaque contre la peste ne peut lui être imputée car elle n’est énoncée qu’au chapitre vi, livre i, du traité de Antidotis [des Antidotes], dans ces deux vers du poème intitulé Andromachi senioris theriace ex viperis, Galena dicta [La thériaque d’Andromaque l’Ancien, venue des vipères, ou galênê (v. note [2], lettre 1001)] (Kühn, volume 14, page 36, traduit du grec) :

    Pestiferamque luem curat, quæ tempus in omne
    Spiratu gravis est, intima conficiens
    .

    [Elle soigne aussi la maladie pestilente, dont l’exhalaison est en tout temps pernicieuse et ravage les familles].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : xi, note 19.

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(Consulté le 24/04/2024)

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