Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre VIII, note 19.
Note [19]

Dans toute la fin de ce chapitre, Guy Patin s’est pudiquement servi du pronom « elle » pour désigner l’action vénérienne (copulation, éjaculation).

Proche de l’hystéromanie féminine (v. note [14], lettre 97), l’érotomanie était, dans les deux sexes, le délire amoureux (érotique) qu’on qualifie aujourd’hui plus communément d’obsession sexuelle.

C’est l’occasion de remarquer à nouveau (v. supra la fin de ma note [1]) que, malgré les préjugés pudibonds que nous pourrions attacher à Patin et à son siècle, tout ce chapitre valait indiscutablement pour les deux sexes. Je ne résiste pas au plaisir de citer, pour finir agréablement, le § 4, Effets des rapports sexuels sur les femmes, du traité hippocratique De la génération (Littré Hip, volume 7, pages 475‑477), véritable hymne à l’amour charnel dont on peut douter qu’il ait été écrit par la seule plume d’un mâle :

« Chez la femme, les parties génitales étant frottées et les matrices agitées, il y survient comme un prurit, et le reste du corps en reçoit plaisir et chaleur. La femme a aussi une éjaculation fournie par le corps et se faisant tantôt dans les matrices (alors les matrices deviennent humides), tantôt au dehors, quand les matrices sont plus béantes qu’il ne convient. Elle éprouve du plaisir depuis le commencement du coït, durant tout le temps, jusqu’à ce que l’homme la lâche ; si elle ressent l’orgasme vénérien, elle éjacule avant l’homme, et n’a plus la même jouissance ; si elle ne ressent point d’orgasme, son plaisir cesse avec celui de l’homme. C’est comme si on jetait de l’eau froide sur de l’eau bouillante, l’ébullition cesse aussitôt ; de même le sperme, tombant dans les matrices, éteint la chaleur et le plaisir de la femme. Le plaisir et la chaleur jettent un éclat au moment où le sperme tombe dans les matrices, puis tout prend fin. Si sur de la flamme on verse du vin, d’abord la flamme jette un éclat et s’accroît un moment par cette affusion, puis elle s’amortit ; {a} de même la chaleur devient plus vive au contact du sperme masculin, pour s’amortir ensuite. La femme a, dans le coït, beaucoup moins de plaisir que l’homme, mais elle en a plus longtemps. Si l’homme jouit plus, c’est que l’excrétion fournie par le liquide s’opère brusquement par l’effet d’un trouble plus grand que chez les femmes. Autre point à considérer pour celles-ci : si elles ont des rapports avec les hommes, leur santé est meilleure ; moins bonne si elles n’en ont pas. En effet, d’un côté, dans le coït, les matrices s’humectent et cessent d’être sèches ; or, quand elles sont trop sèches, elles se contractent fortement, et cette forte contraction cause de la douleur au corps. D’un autre côté, le coït, échauffant le sang et l’humectant, rend la voie plus facile aux menstrues ; or, si les menstrues ne cheminent pas, les femmes deviennent maladives. » {b}


  1. Le vin des anciens Grecs était puissamment résiné.

  2. V. note [35], lettre latine 154, pour une anatomie détaillée du plaisir féminin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre VIII, note 19.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8175&cln=19

(Consulté le 29/03/2024)

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