« Voyez Mariana de Rebus Hispaniæ, tome ii page 606, [2e colonne,] lignes 6‑16, et page 613, lignes 6‑v » : référence ajoutée dans la marge, que ma traduction a corrigée et clarifiée, mais sans comprendre ce qu’y signifie exactement le v final.
- V. note [24], lettre 217, pour les 30 livres de Juan Mariana « sur les Affaires d’Espagne ». {a} En les étendant un peu, les lignes citées renvoient à deux passages dont j’ai emprunté la traduction à Joseph-Nicolas Charenton. {b}
- La page 606 (tome ii de l’édition latine de 1605) appartient au chapitre xviii, Obitus Philippi Regis [Mort du roi Philippe (Philippe ier, v. supra note [18], notule {c})], livre xxviii, année 1505 ; édition française de 1725, première partie, pages 542‑543) :
« La Castille était menacée d’un furieux orage ; les jalousies et les ombrages redoublaient entre les Espagnols et les Flamands. Le nombre des mécontents augmentait ; les grands ne pensaient qu’à leurs intérêts particuliers ; les peuples étaient déjà las du gouvernement présent, et tout paraissait disposé à un soulèvement général, quand la maladie et la mort assez imprévue du roi Philippe écarta pour un temps les nuages qui se formaient. Une fièvre maligne et contagieuse {c} enleva en peu de temps ce jeune prince. Quelques-uns crurent qu’il avait été empoisonné, mais sans aucun fondement, comme l’assurèrent ses médecins, parmi lesquels était Louis Marliano, Milanais, qui fut depuis nommé à l’évêché de Tuy en Galice. On reconnut que sa mort n’avait été causée que par un exercice trop violent, ou plutôt par un excès de débauche. {d}
La reine son épouse {e} fut toujours au chevet du lit de son époux ; elle ne le quitta pas un seul moment pendant sa maladie ; et même après qu’il eut expiré, elle ne voulait point encore abandonner son corps, quelque prière que lui en fissent les grands pour l’obliger à se retirer, surtout parce qu’elle était grosse. {f} Philippe d’Autriche, archiduc des Pays-Bas, et devenu roi de Castille et d’Aragon par son mariage avec l’infante Jeanne d’Aragon, mourut le vingt-cinq de septembre à une heure de l’après-midi, âgé de vingt-huit ans. Il voulut être inhumé à Grenade. En attendant que l’on fît la cérémonie de ses funérailles, son corps fut mis en dépôt dans le monastère des chartreux de Miraflores près de Burgos. » {g}
- Édition latine de Mayence, 1605, tome ii.
- Histoire générale d’Espagne, du P. Jean de Mariana, Paris, 1725, v. note [10], lettre latine 56 ; première et seconde parties du tome cinquième.
- Traduction contestable du latin d’origine : febris pestilens, « fièvre pestilentielle » (ou putride), qui pouvait être en rapport avec la peste, le typhus ou la typhoïde (v. note [37], lettre latine 104).
- Latin d’origine :
Veneno corrupta vitalia sensim venis illapso exitiabili tarditate, suspicio quibusdam fuit inanis tamen, uti eius medici sunt testati, […] nimiam defatigationem verius intemperantiam exitio fuisse inter obsequia fortunæ minus quam ante suis cupiditatibus imperanti.
[Certains soupçonnèrent que ses parties vitales avaient été corrompues pas un poison qui se serait répandu dans ses veines pour le tuer lentement ; mais sans fondement, comme en ont attesté les médecins (…) : plus véritablement, la cause de sa mort revint moins aux impératifs du destin, qu’aux excès de fatigue et de débauche auxquels ses passions l’avaient préalablement soumis].
- Jeanne dite la Folle.
- V. infra note [20].
- Burgos était alors la capitale du royaume de Castille, dont l’autre ville principale était Tolède.
- La page 613 (ibid.) appartient au chapitre iii, Joanna Regina Burgis discessit [La reine Jeanne s’est retirée à Burgos], du livre xxix, année 1506 ; édition française de 1725, seconde partie, pages 561 :
« L’infirmité de la reine Jeanne, première source du mal, {a} bien loin d’y remédier, ne servait qu’à le redoubler, et l’État ne pouvait attendre aucun secours d’une princesse absolument incapable de gouverner. Néanmoins, comme elle se trouvait seule revêtue de l’autorité royale, nul n’avait droit de se faire obéir ni, par conséquent, de réprimer les audaces des esprits brouillons.
Sa Majesté alla célébrer la fête de tous les saints dans monastère de Miraflorès, où elle entendit la messe et le sermon. Après-dîner, s’étant transportée au lieu où le corps du feu roi son mari était en dépôt, elle commanda à l’évêque de Burgos de faire ouvrir en sa présence le cercueil où on l’avait enfermé. Elle le regarda, le considéra, le toucha de ses mains, le mania, sans pousser un soupir, sans verser une larme. Elle retourna le même jour à Burgos. On dit que cette princesse se persuada que les seigneurs flamands qui avaient suivi le feu roi en Espagne avaient secrètement enlevé et transporté son corps en Flandres.
Mais ceux-ci se mettaient alors très peu en peine du corps de leur ancien maître : comme il ne pouvait plus leur être utile, ils ne pensaient plus qu’à se faire payer de leurs gages, de leurs pensions, et des legs qu’il leur avait faits. Dans l’impatience où ils étaient de sortir d’Espagne, où ils ne voyaient plus rien à gagner, ils voulaient que l’on vendît les meubles et la garde-robe du feu roi. Ils en parlèrent même à la reine et lui présentèrent un placet ; {b} mais pour toute réponse, elle se contenta de dire qu’elle aurait soin de prier et de faire prier Dieu pour le repos de l’âme du feu roi son mari, comme elle y était obligée. »
- La mort du roi Philippe fut suivie de soulèvements du peuple, tant en Espagne qu’aux Pays-Bas. V. infra notes [21] et [22] pour la folie de Jeanne.
- Une requête écrite.
Les deux références au tome second de l’Histoire généalogique des frères jumeaux Scévole ii et Louis de Sainte-Marthe (Paris, 1628, v. notule {a}, note [55] du Borboniana 1 manuscrit) donnent les descendances :
- de « Marie de Bourgogne, archiduchesse d’Autriche, duchesse de Brabant et comtesse de Flandres » jusqu’au roi Philippe ii d’Espagne, fils de Charles Quint (page 821, livre xxviii, chapitre vi) ;
- du roi Ferdinand d’Aragon et de ses deux mariages, avec la reine Isabelle de Castille, puis avec Germaine de Foix (sans enfants nés de cette union), nièce du roi Louis xii de France, « sur lequel Ferdinand s’empara du royaume de Naples, et de celui de Navarre sur le roi Jean d’Albret ; il subjugua le royaume de Grenade sur les infidèles sarrasins, qu’il chassa de toute l’Espagne ; et par son moyen, les Indes occidentales furent découvertes » (page 1041, livre xxx, chapitre xiv).
Ferdinand (1503-1564), quatrième des six enfants et second fils de Jeanne de Castille et Philippe de Habsbourg, devint empereur germanique, sous le nom de Ferdinand ier, en 1556, après l’abdication de son frère aîné Charles Quint. |