Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 19.
Note [19]

Sans surprise, pour médire des pharmaciens, Guy Patin a ici emprunté à la vigoureuse diatribe de Pline l’Ancien contre les médicaments venus d’Orient (Histoire naturelle, livre xxiv, chapitre i, Littré Pli, volume 2, pages 133‑134) :

Hæc sola naturæ placuerat esse remedia, parata vulgo, inventu facilia ac sine inpendio, et quibus vivimus. Postea fraudes hominum et ingeniorum capturae officinas invenire istas, quibus sua cuique homini venalis promittitur vita. Statim compositiones et mixturæ inexplicabiles decantantur. Arabia atque India in medio æstimantur, ulcerique parvo medicina a Rubro mari inputatur ; cum remedia vera quotidie pauperrimus quisque cœnet. Nam si ex horto petantur, aut herba, vel frutes, quæratur, nulla artium vilior fiat. Ita est profecto : magnitudo populi Romani perdidit ritus, vincendoque victi sumus. Paremus externis, et una artium imperatoribus quoque imperaverunt.

« Les seuls remèdes que la nature nous avait destinés sont ceux qu’on trouve facilement, tout préparés et sans aucune dépense ; les substances mêmes qui nous font vivre. Plus tard la fraude humaine et des inventions lucratives ont produit ces officines, où l’on promet à chacun la vie pour de l’argent. Aussitôt on nous vante des compositions et des mélanges inexplicables. On prise parmi nous l’Inde et l’Arabie : pour un petit ulcère on demande un remède à la mer Rouge, tandis que chaque jour le plus pauvre d’entre nous dîne avec de vrais remèdes. Si on prenait les remèdes dans nos jardins, si on employait l’herbe ou l’arbrisseau qui y croissent, la profession médicale serait sans crédit. Nous en sommes venus là : le peuple romain, en étendant ses conquêtes, a perdu ses anciennes mœurs ; vainqueurs, nous avons été vaincus. Nous obéissons aux étrangers ; et à l’aide d’une seule profession, ils commandent à leurs conquérants. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 19.

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(Consulté le 18/04/2024)

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