Note [19] | |
Cette édifiante observation emploie le mot grec anathymiasis, αναθυμιασις, qui signifie « exhalaison, évaporation », mais qui est très peu courant dans les textes médicaux et n’appartient pas au vocabulaire hippocratique. On le lit cependant deux fois dans notre édition : lettre 172 (en relation avec une épilepsie, v. notule {a} de sa note [1]), et Consultation 20 (en relation avec une fièvre accompagnée de paralysie, v. sa note [9]). Je ne l’ai vu clairement mis en relation avec le sommeil que dans le commentaire de Louis Duret sur les Hippocratis magni Coacæ Prænotiones [Prénotions coaques du grand Hippocrate] (Paris, 1588, v. note [10], lettre 11), au chapitre De melancholia et mania [Sur la mélancolie et la manie] du livre ii (fin du § 2, page 377), à propos de « ceux qui ne sont pas agités » (non turbulenti) : i. somni silentium et placide dormientium exactam ad noctem, qui faciunt breves tenebras : quia nihil serpunt gratissimi, curasque leniunt et corda oblita laborum. Ex quibus significatio sit redintegrati cerebri, et sanæ mentis nec amplius perturbatæ. Nam turbulentos facit η ταραχη et acris tetraque anathymiasis. Dans la langue littéraire latine, Pétrone (v. note [14], lettre 41) semble être le seul à avoir employé ce mot (Satyricon, chapitre xxxvii), dans le contexte plus trivial du soulagement que procure l’évacuation des flatulences (ou gaz, peut-être la meilleure traduction moderne d’anathymiasis) et des excréments intestinaux : Nec tamen in triclinio ullum vetuo facere quod se iuvet, et medici vetant continere. Vel si quid plus venit, omnia foras parata sunt : aqua, lasani et cetera minutalia. Credite mihi, anathymiasis si in cerebrum it, et in toto corpore fluctum facit. Multos scio periisse, dum nolunt sibi verum dicere. Ces quatre contextes donnent à anathymiasis le sens général d’« évaporation ou exhalaison », et le sens particulier de « flatulence intestinale », notamment liée à la constipation (dont souffrait le patient de Charles, et qui le rendait rebelle à la purgation), pour éviter l’emploi d’un mot plus trivial (que je me suis permis de laisser échapper dans ma traduction de Pétrone). Guy Patin a souvent mis en garde contre les opiacés, prévention qu’il a longuement exposée dans sa leçon latine du Collège de France De Laudano et Opio [Sur le Laudanum et l’opium]. V. note [7], lettre 767, pour le double sens latin du mot experimentum, « expérience » et « péril ». |
Imprimer cette note |
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Annexe : Autobiographie de Charles Patin (Lyceum Patavinum, 1682), note 19. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8226&cln=19 (Consulté le 09/10/2024) |