À André Falconet, le 23 octobre 1671, note 2.
Note [2]

La Mecque, première ville sainte de l’Islam, était alors un chérifat d’Arabie placé sous la tutelle des Turcs depuis le début du xvie s. La Gazette a relaté ces événements.

  • Ordinaire no 121 du 10 octobre 1671 (page 971) :

    « De Venise, le 18 septembre 1671. On ne doute plus ici de la nouvelle, qui était venue la semaine passée, que les Arabes avaient tué une partie et fait esclaves le reste de ceux qui allaient en pèlerinage à la Mecque, comme aussi saccagé ce lieu où se conserve le tombeau de Mahomet ; et l’on ajoute qu’ils attendaient l’assistance des Perses, qui venaient se joindre à eux pour envahir l’Empire ottoman. Les dernières lettres qu’on a reçues de Bellegrade, du 18e du passé, portent que le Grand Seigneur était tellement consterné de ces désordres qu’il avait résolu, non seulement, d’abandonner ses divertissements de chasse, mais tous ses desseins dans l’Europe, pour se rendre à Bursia et delà, envoyer le premier vizir, avec l’armée, à Alep, afin que, s’y étant grossie, il la fasse marcher contre ces rebelles. »

  • Ordinaire no 124 du 17 octobre 1671 (page 999) :

    « De Venise, le 25 septembre 1671. Nous avons appris par un navire arrivé de Constantinople que le soulèvement des Arabes était encore plus considérable qu’on ne l’avait cru ; et qu’il a été causé par le chérif de la Mecque, le plus proche parent de Mahomet. Cet officier, indigné de ce qu’il n’avait pas reçu depuis deux ans les régales accoutumées du Grand Seigneur, s’étant rendu avec un grand nombre d’autres Arabes aux environs de Médina, où est le corps de ce faux prophète, attaqua la caravane des pèlerins qui allaient visiter son tombeau, avec une escorte de mille soldats, en massacra la plus grande partie et fit sur eux un très riche butin ; ce qui a obligé, ainsi qu’on vous l’a mandé, Sa Hautesse à prendre la route de Bursia pour envoyer contre eux le premier vizir avec son armée. »

  • L’extraordinaire no 128 du 30 octobre 1671 (pages 1029‑1040) contient Les particularités du soulèvement des Arabes, avec la suite des affaires des Vénitiens et des Turcs, en une lettre de Venise [le 3 octobre 1671]. On y apprend entre autres que le chérif de la Mecque, après avoir attaqué les pèlerins, « mit cette fameuse ville de la Mecque au pillage, avec le trésor de Mahomet ; et par de seconds avis, on a su qu’ayant attiré dans son parti plusieurs des principaux bassas, avec d’autres mécontents, et eu assurance d’être secouru par les Perses, qu’on croit même avoir fomenté cette rébellion, il continuait ses ravages par mer et par terre, en résolution de se faire déclarer prince de la Mecque, en cette qualité de descendant de Mahomet ».

  • L’ordinaire no 130 du 30 octobre (page 1047) est revenu sur le sujet :

    « De Venise, le 9 octobre 1671. Nous avons eu avis que le chérif de la Mecque, continuant ses hostilités, avec les Arabes qu’il a soulevés, dont le nombre s’augmentait tous les jours par l’espérance du butin, avait pris le titre de roi d’Arabie et attiré dans son parti les bassas des places voisines ; qui, ayant le même dessein que lui de se rendre absolus, {a} s’étaient assurés de tous les passages considérables et y avaient mis des troupes. On nous mande aussi que le Grand Seigneur et le premier vizir avaient envoyé ordre au bassa de Damas, et autres des environs, d’amasser toutes les milices qu’il serait possible pour s’opposer promptement aux séditieux ; et que, cependant, Sa Hautesse s’avançait vers Bursia pour donner de plus près les ordres nécessaires à assoupir ces mouvements. Les lettres ajoutent que ces bassas qu’elle avait chargés du soin de donner la chasse aux rebelles étaient déjà venus aux mains avec tant de succès qu’ils en avaient taillé en pièces quantité, et fait prisonnier le fils du chérif avec sa femme et douze autres personnes ; et que le premier ayant été enfermé dans les Sept Tours de Constantinople avec deux de sa compagnie, le reste fut conduit aux prisons d’Alep, où est aussi un autre fils dudit chérif. Depuis, nous avons su de Vienne qu’on y avait appris que ces désordres ont été apaisés par la distribution de sommes notables à ceux qui en étaient les principaux auteurs ; mais on croit que c’est un article des mécontents de Hongrie, qui ont répandu ce bruit pour entretenir la crainte des Impériaux qu’ils soient secourus des Infidèles. »


    1. Libres.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 23 octobre 1671, note 2.

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(Consulté le 24/04/2024)

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