À Philipp Jakob Sachs von Lewenhaimb, le 10 février 1666, note 2.
Note [2]

V. note [7], lettre latine 228, pour l’Ampelographia [Description de la vigne] de Philipp Jakob Sachs von Lewenhaimb (Leipzig, 1661), avec un jugement moins élogieux de Guy Patin sur ce livre.

Sans le citer, Guy Patin en venait à un autre ouvrage de Sachs :

Oceanus macro-microcosmicus, seu Dissertatio epistolica de analogo motu aquarum ex et ad Oceanum, sanguinis ex et ad cor, ad Magnif. Nobiliss. Excell. Experientiss. Dn. Thomam Bartholinum, Medicum et Anatomicum Incomparabilem Professorem Regium Honorarium, et Decanum Fac. in Regia Hafnensis Perpetuum.

[Macro et microcosme océanique, ou Dissertation épistolaire sur le mouvement analogue des eaux hors et vers l’Océan, et du sang hors et vers le cœur, adressée au très généreux, célèbre, éminent et savant M. Thomas Bartholin, médecin et anatomiste, incomparable professeur royal honoraire et doyen perpétuel de l’Académie royale de Copenhague]. {a}


  1. Breslau, Esaias Fellgiebelius, 1664, in‑8o de 152 pages.

Sur des arguments plus naturalistes et philosophiques qu’anatomiques, Sachs s’y montre résolument circulationniste, comme l’illustre l’avant-dernier chapitre, numéroté clvii (pages 149‑150) et intitulé Anacephalæosis [Récapitulation] :

Demonstrare conatus sum Analogiam Geocosmi et Anthropocosmi, quomodo unum principium fluxus Aquarum ; Oceanus : Sanguinis, Cor : “ unus circuitus sive ambitus in quo movetur, ab Oceano fundus et Terra, à Corde Corpus ; unum Objectum Aqua in mari et extra mare saltem accidentibus distincta, pariter ac sanguis in Arteriis et Venis forma non differens : Vasa ambitus efferentia et inferentia, finem ut aqua semper ad Oceanum ; sanguis ad Cor remeet : Motum ipsum, quomodo Sanguis per universum Corpus ad varias operationes diffundatur ; sic et Aqua perenni quadam pericyclosi ex Oceanico regno, in totius telluris intima viscera deferatur, ibidem variam effectuum diversitatem moliatur, nunc condensatione, nunc rarefactione per intimas terrestrium glebarum fibras, rimas, fissuras mineralium metallorumque materiæ abdito quodam connubio jungatur : ut per innumerabiles telluris meatus, canales, anfractuosos tramites, tandem in extimam globi superficiem erumpat, altissimorum montium juga penetret, ac inde dilapsa universam terræ faciem innumerabili fontium, rivorum, fluviorum, lacuum, stagnorum, paludum, multitudine irriget, donec tandem inde dilapsa Oceano tanquam principio suo postliminio restituatur. ”

[J’ai entrepris de démontrer l’analogie entre le Géocosme et l’Anthropocosme, {a} comme reposant sur le principe unique de l’écoulement : celui des eaux pour l’Océan, celui du sang pour le cœur. « Un seul et même va-et-vient ou circuit caractérise le mouvement : celui de l’océan pour le sol et la terre, celui du cœur pour le corps. Un seul et même objet existe : la différence est fortuite entre l’eau dans et hors de la mer ; le sang a une apparence identique dans les artères et dans les veines. Les vaisseaux du circuit, afférents comme efférents, ont pour but que toujours l’eau retourne à l’Océan, et le sang au cœur. Le mouvement permet au sang de se répandre par tout le corps en vue d’y accomplir diverses opérations ; de même, une sorte d’impulsion centrifuge perpétuelle transporte l’eau depuis le règne océanique jusque dans les entrailles de tout le sol, pour y exercer une grande variété d’effets : tantôt en se condensant, tantôt en s’évaporant, quelque mariage caché l’unit à la matière des minéraux et des métaux dans les filaments, les crevasses et les fissures de la substance tellurique ; si bien qu’après avoir parcouru les innombrables orifices, canaux et anfractuosités du sol, elle surgit enfin à la surface du globe, elle imprègne les crêtes des plus hautes montagnes d’où, en ruisselant, elle irrigue toute la superficie des terres émergées par une infinie multitude de sources, de ruisseaux, de fleuves, de lacs, d’étangs et de marais ; puis finalement, s’en étant écoulée, comme pour exercer son droit de retour dans la patrie, {b} elle est restituée à l’Océan. »] {c}


  1. J’ai maintenu les deux néologismes de Sachs : le Géocosme est l’organisation (kosmos en grec) de la Terre () et l’Anthropocosme, celle de l’Homme (Anthrôpos).

  2. Au sens strict, en droit romain, le postliminium était le privilège dont jouissait un prisonnier, une fois sa peine purgée, de récupérer l’ensemble de ses biens. L eDictionnaire de Trévoux recense le mot postliminie et le définit comme le « rétablissement au même état d’où l’on avait été tiré par violence, rentrée dans des biens qui avaient été enlevés par les ennemis. Les peuples qui habitent les frontières des États, sont souvent dans le cas de la postliminie, ou d’user du droit de postliminie, parce que ces pays limitrophes sont exposés à appartenir tantôt à un État et tantôt à un autre. […] Ce mot est composé des deux mots post et limen, comme qui dirait par-delà les limites. »

  3. Le chapitre précédent (clvi) suggère que tout le passage entre guillemets est emprunté à Thomas Bartholin, mais je ne l’ai pas retrouvé dans ses œuvres imprimées.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Philipp Jakob Sachs von Lewenhaimb, le 10 février 1666, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1424&cln=2

(Consulté le 19/04/2024)

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