Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre VII, note 2.
Note [2]

La longueur de l’incise sur les humeurs peut faire oublier que les règles et les hémorroïdes étaient les « excréments particuliers » dont Guy Patin parlait au début de sa phrase.

Sans résoudre toutes les subtilités, la définition du mot excrément par Furetière (qui complète l’explication de Jean Fernel, v. supra note [1]) aide à comprendre le propos de Patin :

« Ce qui sort des corps des animaux, lorsqu’ils ont fait leur digestion, ou ce qui leur est d’ailleurs superflu et nuisible. L’urine et les matières fécales sont les gros excréments qui sortent de la vessie ou du ventre.

Les médecins appellent aussi excrément ce que la nature sépare d’impur d’avec ce qui est pur et net par la seconde coction qui se fait dans le foie, tels que sont la bile qu’elle pousse dans la vessie du fiel, la sérosité qu’elle pousse dans les veines avec le sang pour lui servir de véhicule, et l’humeur mélancolique qui est attirée par la rate. Quelques-uns y ajoutent un troisième excrément qui est propre à chaque partie, qui est poussé dehors par transpiration insensible, ou par des conduits qui y sont particulièrement destinés, comme celui du cerveau qui se décharge par le nez, par la bouche, {a} etc. Quelques médecins mettent encore la semence au rang des excréments bénins, quand elle est abondante et superflue. »


  1. Cet excrément correspond à la pituite muqueuse dont la Physiologie de Jean Fernel (page 595) dit (sans rien simplifier) :

    « La pituite qui doit être vraiment et proprement dite telle, est un suc alimentaire, et la portion la plus crue de tout le sang, qui a accoutumé d’être appelée un sang demi-cuit ; elle coule dans les veines, tant afin de nourrir les parties froides et humides, comme le cerveau, qu’afin que s’il se rencontre quelquefois défaut ou disette de sang, étant changée et convertie en icelui, elle nourrisse les autres parties ; et pour acquérir pleinement la forme de sang, il n’est point nécessaire qu’elle retourne dedans le foie car les veines ont assez de force, de vertu et de chaleur pour faire cet ouvrage. »


On croyait alors, semble-t-il, qu’une fois leur ouvrage accompli dans le corps, les quatre humeurs (v. note [4], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656) se transformaient en excréments :

  • la bile jaune terminait en fiel pour se collecter dans la vésicule biliaire et être rejetée dans les fèces, avec la bile noire (atrabile ou mélancolie), recueillie par la rate (v. note [5], lettre 61) ;

  • le sang, épuré par les reins et la peau (transpiration sensible) et d’autres viscères (transpiration insensible, v. note [3], lettre 924) donnait naissance à l’urine, à la sueur et à l’humectation interne du corps (humide radical, v. note [8], lettre 544) ;

  • la pituite (flegme), principalement recueillie dans le cerveau, donnait naissance aux sécrétions nasales, lacrymales et bronchiques.

Tous ces processus imaginés n’ont laissé que de très vagues traces dans la physiologie moderne.

V. note [8] de la consultation 17, pour les prétendus bienfaits du saignement hémorroïdaire, tenu pour un salutaire excrément naturel du corps humain, et le chapitre ix de la Conservation de santé pour les règles (menstruations).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre VII, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8174&cln=2

(Consulté le 23/04/2024)

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