Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Introduction, note 2.
Note [2]

V. notes :

  • [5], lettre 34, pour Joseph-Juste Scaliger ;

  • [6], lettre 888, pour la genèse du Secunda Scaligerana (1666), puis du Prima Scaligerana (1669), et pour l’intérêt que Guy Patin a aussitôt prêté à ce genre de recueils.

Le goût pour les conversations et anecdotes instructives et divertissantes est aussi vieux que la littérature. Maints auteurs anciens en ont recueilli, mais sans jamais employer le titre d’ana. Ils sont souvent cités dans notre édition : Nuits attiques d’Aulu-Gelle, Logistorici de Varron, Apophtegmes et Symposiaques de Plutarque, Apophtegmes des philosophes de Diogène Laërce, Faits et paroles mémorables de Valère Maxime, Déipnosophistes d’Athénée de Naucratis, Adages et Apophtegmes d’Érasme, etc. Cependant, aucun d’eux n’a puisé dans une source unique pour rédiger son anthologie, ce qui est la touche la plus singulière des ana : dérivé du préfixe grec qui signifie « en plus », un ana est un « élément qui s’ajoute au nom d’un auteur pour désigner un recueil de ses pensées détachées, de ses bons mots ou des anecdotes qu’il a recueillies ou qu’on a recueillies de lui » (Robert).

Dans son exhaustive Bibliographie des ouvrages publiés sous le nom d’ana…, {a} P. Namur a recensé quelques livres apparemment précurseurs, en raison de leurs titres dotés du suffixe ana :

  • Maphei Vegii Laudensis Pompeana… [Pompeana de Mapheus Vegius, natif de Lodi…] ; {b}

  • Coryciana ; {c}

  • Grobianus et Grobiana, de Morum simplicitate, libri tres, in gratiam omnium amantium conscripti, per M. Fredericum Dedekindum…

    [Grobian {d} et son ana, trois livres sur la simplicité des mœurs, écrits pour l’avantage de tous ceux qui aiment par Fredericus Dedekindus…] ; {e}

  • Melanchthoniana, locorum communium collectanea, a J. Manlio, ex lectionibus D. Ph. Melanchthon excerpta,

    [Melanchthoniana, {f} recueil de citations que J. Manlius (Jacob Mennel) a tirées des leçons de M. Philipp Melanchthon] ; {g}

  • Martiniana, id est, literæ, tituli, cartæ, privilegia, et documenta, tam fundationis, dotationis, et confirmationis, per Henricum i. Philippum i. Ludovicum 6. 7. 12. et Franciscum i. Christianissimos Francorum Reges, quam Statuta reformationis Monasterii seu Prioratus Conventualis S. Martini à Campis Parisiis, Ordinis Cluniacensis…

    [Martiniana qui contient les lettres, titres, chartes, privilèges et documents concernant tant la fondation, dotation et confirmation du monastère ou prieuré conventuel de Saint-Martin-des-Champs à Paris, {h} de l’Ordre clunisien, par Henri ier, Philippe ier, Louis vi, vii et xii, rois très-chrétiens de France, que les statuts de sa réforme]. {i}


    1. Bruxelles, Belevinge et Callewaert, 1839, in‑4o de 60 pages.

    2. Milan, Joannes de Castilion, 1521, in‑4o de 8 feuilles.

      Maffeo Vegio (1407-1458), poète italien, a rédigé ce long poème bucolique dans la Villa Pompeiana, près de Lodi et l’a daté de 1423 : il ne s’agit en rien d’un recueil de bons mots.

    3. Rome, Ludovicus Vicentinus et Lautitius Perusinus, 1524, in‑4o de 35 feuilles : recueil d’épigrammes écrites par Janus Corycius (Johann Goritz), protonotaire apostolique nommé en 1498.

    4. Type allemand du rustaud.

    5. Francfort, héritiers de Chr. Egen, 1583, in‑8o de 192 pages, première édition en 1549.

      L’auteur Friedrich Dedekind (1524-1598) est un pasteur luthérien allemand. Son livre est un recueil de pièces morales, entièrement composées en vers latins.

    6. V. note [12], lettre 72, pour Philipp Melanchthon.

    7. Je ne suis pas parvenu à confirmer l’authenticité de cette édition que P. Namur dit avoir été imprimée à Bâle en 1562, in‑8o. Je n’ai trouvé qu’un authentique ana {i} provenant de la même source, sous le titre éloquent de :

      Locorum communium collectanea a Iohanne Manlio per multos annos, tum ex lectionibus D. Philippi Melanchthonis, tum ex aliorum doctissimorum virorum relationibus excerpta, et nuper in ordinem ad eodem redacta, iamque postremum recognita : in quibus varia, non solum vetera, sed inprimis recentis nostri temporis Exempla, Similitudines, Sententiæ, Consilia, Bellici apparatus, Stratagemata, Historiæ, Apologi, Allegoriæ, Sales, et id genus alia utilissima continentur : non solum Theologis, Iurisperitis, Medicis, studiosis artium, verumetiam Rempublicam bene et feliciter administraturis, cognitu cumprimis necessaria. Cum præfatione D. Simonis Sulceri, Acad. Basilien. Rectoris : et rerum atque verborum Indice copioso

      Lieux communs que Iohannes Manlius a recueillis au cours de nombreuses années, tirés tant des leçons de M. Philipp Melanchthon que des relations d’autres hommes très savants, et qu’il a rédigés et tout récemmment revus. Ils contiennent une grande variété d’exemples, comparaisons, sentences, avis, plans de guerre, stratagèmes, histoires, apologies, allégories, mots d’esprit et autres très instructifs propos de ce gnere, à la fois anciens et sutout contemporains, dont la connaissance est absolument nécessaire non seulement aux théologiens, aux juristes, aux médecins et à ceux qui étudient les belles-lettres, mais aussi à ceux qui se disposent à bien et heureusement administrer le bien public. Avec une préface de M. Simo Sulcerus, recteur de l’Université de Bâle, et un copieux index des matières et des mots]. {ii}

      1. Il s’agit à mon avis du seul ouvrage de cette liste qui corresponde à ce que nous entendons aujourd’hui par ana, mais sans en porter primitivement le titre. Il me semble ne lui avoir été donné que bien plus tard par Georg Theodor Strobel, compilateur d’un in‑8o de 152 pages (Altdorf, Lorenz Schupfel, 1771) intitulé :

        Melanchthoniana oder Sammlung einiger Nachrichten zur Erleuterung der Geschichte Philipp Melnachthons…

        [Melanchthoniana ou Recueil d’un bon nombre de nouvelles qui éclairent l’histoire de Philipp Melanchthon…]

      2. Francfort, Petrus Fabricius ; 1565, in‑8o de 801 pages ; précédente édition à Bâle, 1562, sous le même titre.
    8. V. note [20] des Affaires de l’Université (1650-1651) dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris.

    9. Paris, Nicolas du Fossé, 1606, grand in‑16 de 366 pages.

Le Scaligerana de 1666 a donc inauguré le genre des ana proprement dit, sauf à appeler ainsi des ouvrages qui n’en étaient pas vraiment. Avant lui, le seul recueil d’anecdotes que j’aie croisé dans mes lectures est celui qu’ont composé les proches de Martin Luther (Francfort, 1571, v. notule {a}, note [10], lettre latine 101), et qui mériterait le sous-titre de Lutherana.

Le plus célèbre faux ana écrit au xviie s. est la vaste compilation englobant maints personnages que Gédéon Tallemant des Réaux (1619-1692) {a} a appelée ses Historiettes, publiées pour la première fois en 1834. Lui-même a ainsi justifié son choix (à la fin de 1657) :

« J’appelle ce recueil Les Historiettes, parce que ce ne sont que des petits mémoires qui n’ont aucune liaison les uns avec les autres. J’y observe seulement en quelque sorte la suite du temps, pour ne point faire de confusion. Mon dessein est d’écrire tout ce que j’ai appris et apprendrai d’agréable et de digne d’être remarqué, et je prétends dire le bien en le mal sans dissimuler la vérité et sans me servir de ce qu’on trouve dans les histoires et les mémoires imprimés. Je le fais d’autant plus librement que je sais bien que ce ne sont pas choses à mettre en lumière, quoique peut-être elles ne laissassent pas d’être utiles. Je donne cela à mes amis qui m’en pressent il y a longtemps. Au reste, je renverrai souvent aux mémoires que je prétends faire de la régence d’Anne d’Aurtriche ou, pour mieux dire, de l’administration du cardinal Mazarin, et que je continuerai tant qu’il gouvernera, si je me trouve en état de le faire. {b} Ces renvois seront pour ne pas répéter les mêmes choses ; comme, par exemple, une fois que M. Chabot, devenu duc de Rohan, {c} entrera dans les négociations avec la cour, je ne puis plus continuer son Historiette, parce que désormais c’est l’histoire de la seconde guerre de Paris. {d} Voilà quel est mon dessein. Je commencerai par Henri le Grand {e} et sa cour, afin de commencer par quelque chose d’illustre. »


  1. Guy Patin n’a parlé que de l’abbé François Tallemant, frère cadet de Gédéon (v. note [9], lettre 684).

    Les notes de notre édition ont souvent puisé dans ce recueil.

  2. S’ils ont jamais été écrits, ces mémoires n’ont jamais été publiés.

  3. Henri Chabot, v. note [37], lettre 0280

  4. Fronde des princes (1651-1653).

  5. Le roi Henri iv.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Introduction, note 2.

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(Consulté le 24/04/2024)

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