Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 2.
Note [2]

Deux jours après avoir tenté d’assassiner le roi Henri iv, {a} Jean Châtel fut exécuté ; sa maison fut rasée et on édifia sur son emplacement, en 1595, une pyramide expiatoire {b} portant plusieurs inscriptions contre les jésuites, jugés coupables d’avoir fomenté ce régicide.

Les Mémoires de Condé, servant d’éclaircissement et de preuves à l’Histoire de M. de Thou. Tome sixième ou Supplément, qui contient la Légende du cardinal de Lorraine, celle de Dom Claude de Guise, et l’Apologie et Procès de Jean Chastel, et autres, avec des notes historiques, critiques et politiques {c} ont transcrit les vers que portait le monument (2e partie, page 138).

Sur la face qui regardait le midi, était gravé :

Quod sacrum, votumque sit memoriæ perennitati, longævitati, salutique maximi, fortissimi et celementisimi Principis Henrici iv. Galliæ et Navarræ Regis Christianissimi.

Audi Viator, sive sis extraneus,
Sive incola Urbis, quæ Paris nomen dedit.
Hic alta quæ sto Pyramis, Domus fui
Castella, sed quam diruendam funditus
Frequens Senatus, crimen ultus censuit.
Huc me redegit tandem herilis filius,
Malis magistris usus, et schola impia ;
Sotericum, eheu, nomen usurpantibus.
Incestus, et mox parricida in Principem,
Qui nuper urbem perditam servaverat ;
Et qui favente sæpe victor numine
Deflexit ictum audaculi sicarii,
Punctusque tantum est dentium septo tenus.
Abi Viator, plura me vetat loqui
Nostræ stupendum Civitatis dedecus
.

[Que ce monument consacre et célèbre la perpétuité de la mémoire, la longévité et le salut du très grand, très puissant et très clément prince Henri iv, roi très-chrétien de France et de Navarre.

Écoute-moi, passant, que tu sois étranger, ou que tu habites cette ville, qu’on a nommée Paris. Je suis la haute Pyramide qui se dresse où je fus hier la maison de Chastel, mais le Parlement a unanimement jugé de punir son crime en me détruisant de fond en comble. Celui qui m’a réduite à cet état est le fils du logis, qui fréquentait de mauvais maîtres {d} en une école impie, où l’on usurpait, hélas, le nom du Sauveur. D’impur, il devint bientôt parricide contre le roi qui avait naguère sauvé notre ville de sa perte ; mais ce prince, souvent victorieux, grâce à Dieu, a détourné le coup du tueur audacieux, qui n’a blessé que sa gencive. Passe ton chemin, évite-moi d’en dire plus pour t’ébahir sur l’infamie de notre ville]. {e}


  1. Le 29 décembre 1594, v. note [13] du Grotiana 1.

  2. V. note [42] des Décrets et assemblées de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris.

  3. La Haye, Pierre Dehondt, 1743, 6e et dernier tome de la série, in‑4o en 2 parties de 147 et 303 pages.

  4. Les pères de la Compagnie de Jésus.

  5. Les Mémoires de Condé proposent ensuite une « mauvaise traduction, mais que nous avons cru devoir conserver », ainsi que tous les autres textes inscrits sur la Pyramide, en latin et en français (pages 138‑141).

Ces vers sont attribués à Nicolas Rapin (v. note [37] du Patiniana I‑3), et Joseph Scaliger a nié en être l’auteur (Secunda Scaligerana, page 391) :

Si Pater viveret, odisset Jesuitas propter mendacium. Jesuitæ non sunt Capones, putant me autorem esse illius inscriptionis in Pyramide contra Jesuitas, ideo tam male volunt.

[Si mon père vivait encore, il haïrait les jésuites pour leurs mensonges. Les jésuites ne sont pas chapons, ils pensent que je suis auteur de l’inscription contre eux qui est sur la Pyramide, tant ils me veulent de mal].

La Pyramide fut à son tour rasée, contre l’avis du Parlement, quand les jésuites revinrent à Paris, en 1605.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit, note 2.

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(Consulté le 19/04/2024)

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