De Paul Ferry, le 25 décembre 1656, note 2.
Note [2]

V. note [9], lettre 453, pour le Discours de l’amour d’inclination de Marin Cureau de La Chambre publié en 1634.

Cette lettre est assez obscure mais Cureau de La Chambre aide un peu à en comprendre le sens, avec les deux premiers paragraphes de son livre :

« Il y a deux sortes d’amour dont les hommes sont ordinairement touchés, l’un de connaissance, et l’autre d’inclination. Quand le bien et la beauté se font connaître, ils produisent l’amour de connaissance ; mais quand on les aime et qu’ils sont inconnus, c’est l’amour d’inclination. Ce n’est pas pourtant qu’il n’y ait de la connaissance en toute sorte d’amour ; mais d’autant qu’elle est claire et distincte en l’un, et confuse et secrète en l’autre, on peut dire que l’un est un amour de connaissance et que l’autre ne l’est pas.
Car quand les yeux portent la beauté d’un visage dans la volonté, la passion qu’elle en reçoit vient d’une connaissance sensible et bien certaine ; mais quand elle se trouve éprise d’un objet qui n’a aucune recommandation des yeux ni des autres sens, et qu’on ne saurait dire le motif de cette affection, il est vrai qu’il y a quelque connaissance, car la volonté ne s’émeut jamais sans elle, mais elle est si cachée et si secrète qu’on peut dire que ce n’est pas un amour de connaissance puisque le motif et le moyen qui le font naître sont inconnus. Et c’est l’amour d’inclination, qui a donné autant de plaintes à ceux qui l’ont ressenti qu’à ceux qui en ont voulu chercher la nature, et qui doit fournir à ce discours les raisons qui m’ont fait croire en avoir une particulière intelligence. »

Suit une longue dissertation sur les sentiments amoureux, leurs perturbations et leur « transmission » d’un individu à l’autre, pour conclure (page 112) que « cette transmission peut aider à la guérison et à la conservation de la santé, et que l’affection du médecin est utile au malade, non seulement pour sa diligence, mais aussi pour cette secrète influence qu’il lui communique et à laquelle il peut imprimer de puissantes vertus » : comme un petit air de psychanalyse bien avant la lettre…

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Paul Ferry, le 25 décembre 1656, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9046&cln=2

(Consulté le 24/04/2024)

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