À Charles Spon, le 6 mars 1654, note 21.
Note [21]

« et par faveur de la dive Fortune ».

Marie Mancini (Rome 1639-Pise 1706), la plus célèbre des nièces de Mazarin parce qu’elle suscita la première grande passion amoureuse du jeune Louis xiv, était le quatrième enfant (après Laure, Michel-Paul, et Olympe) de Michele Lorenzo Mancini et de Geronima Mazzarina. La République de Gênes avait fourni une magnifique galère dorée pour la traversée de la petite troupe mazarine. On avait séjourné huit mois à Aix pour y apprendre les éléments de la langue française, puis Marie, Hortense et Laure furent amenées à Paris et placées au couvent de la Visitation de la rue Saint-Jacques. Toute dévouée à la reine mère, Mme de Motteville (Mémoires, page 456) a dépeint, sans doute un peu perfidement, la « beauté singulière » de Marie, lors de ses premières apparitions à la cour :

« Elle pouvait espérer d’être de belle taille parce qu’elle était grande pour son âge, et bien droite ; mais elle était si maigre, et ses bras et son col paraissaient si longs et décharnés qu’il était impossible de la pouvoir louer sur cet article. Elle était brune et jaune ; ses yeux, qui étaient grands et noirs, n’ayant point encore de feu, paraissaient rudes ; sa bouche était grande et plate, et hormis les dents, qu’elle avait très belles, on la pouvait dire alors toute laide. »

Louis xiv fit d’abord d’elle une compagne de jeux, comme l’avaient déjà été Laure et Olympe ; mais en juillet 1658, après que la beauté de la jeune fille se fut développée, il s’en éprit sérieusement ; il apprit même l’italien pour lui plaire, lui qui était si rebelle à l’étude et ne songeait qu’aux plaisirs. L’idylle prit tant d’ampleur que l’oncle Mazarin jugea préférable de la rompre en éloignant Marie de Paris en juin 1659, pour la confiner dans un couvent à Brouage, tandis que se déroulaient les négociations qui devaient donner Marie-Thérèse pour femme à Louis xiv. Le 15 avril 1661, Marie épousa le prince Colonna, grand connétable de Naples, futur vice-roi de Naples et d’Aragon, auquel elle apporta en dot 100 000 livres de rente. Après sept heureuses années, le couple se déchira et Marie erra aventureusement par toute l’Europe jusqu’à sa mort (G.D.U. xixe s.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 mars 1654, note 21.

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(Consulté le 19/04/2024)

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