La Grande Mademoiselle (v. note [18], lettre 77), Anne-Marie-Louise de Montpensier, était la fille aînée de feu Monsieur, Gaston d’Orléans, née de son premier mariage avec Marie de Bourbon-Montpensier (v. note [55] du Borboniana 5 manuscrit). Les deux premières filles de son second mariage, avec Marguerite de Lorraine, étaient Marguerite, Mlle d’Orléans, et Élisabeth-Marguerite, Mlle d’Alençon.
Mlle de Montpensier, fâchée avec sa famille, accompagnait alors la cour dans le Midi (Mémoires, deuxième partie, chapitre ii, pages 443‑444) :
« Nous retournâmes à Toulouse {a} où l’on fut quelques jours. Le roi donna le gouvernement de Languedoc à M. le prince de Conti, et tous les gouvernements particuliers qu’avait Monsieur {b} furent donnés ou vendus et ôtés à tous ceux à qu’il en avait donné le commandement. M. le prince de Conti et Mme sa femme {c} allèrent à Bourbon, ce qui fit naître un embarras : à la cérémonie du mariage du roi, on devait porter la queue de la reine et il fallait être trois, et je ne voulus pas que ce fût d’autres que des princesses du sang qui la portassent avec moi, ne voulant pas être mêlée avec les étrangères, m’étant trop inférieures. La reine, qui aimait beaucoup Mme la princesse Palatine, {d} qui avait une chimère < dans la tête > parce que l’électeur palatin {e} avait été quelque temps roi de Bohême, la soutenait en cette chimère en ce qu’elle pouvait ; < elle > n’osait rien dire, mais elle aurait bien voulu que la nécessité eût obligé, n’y ayant personne qu’elle, à la porter avec moi ; car Mme la princesse de Carignan {f} devait nous venir joindre à Bayonne. Mais moi, qui avais fort les rangs et la dignité dans la tête en ce temps-là et qui ne voulais pas être citée en une occasion où on y aurait dérogé, je fis tout ce que je pus pour empêcher Mme la princesse de Conti de partir. Je le dis à M. le cardinal. Elle fit espérer de revenir ; mais voyant que le temps s’approchait et qu’elle ne pouvait < arriver assez tôt >, je proposai à M. le cardinal de faire venir une de mes sœurs et qu’il la ferait venir à mes dépens, qu’elle logerait avec moi, qu’il n’en coûterait rien à ma belle-mère. {g} Il me dit que je n’avais que faire de m’en mettre en peine et que le roi ferait la dépense, que la question était de savoir si ma belle-mère le voudrait. Je lui dis qu’elle ferait tout ce que l’on voudrait. Je lui envoyai un gentilhomme à moi nommé La Guérinère, qui était à elle aussi bien qu’à moi, parce qu’il avait eu la charge que son père avait chez ma mère. Je lui écrivis une lettre tout comme si j’eusse été contente d’elle ; car n’étant point question lors du logement, {h} ne devant pas retourner si tôt à Paris, je ne lui demandais qu’une de ses filles, qu’elle logerait avec moi, que j’en aurais le plus grand soin du monde. Elle me manda qu’elle en enverrait deux et écrivit à M. le cardinal qu’elle serait bien aise qu’il n’y eût que des petites-filles de France {i} qui portassent la queue de la reine. Elle ne voulut pas qu’elles logeassent avec moi de peur de m’incommoder, qu’elle enverrait Madame de Saujon avec elles, qu’elle serait bien aise s’il se pouvait qu’elles logeassent chez la reine ; et me remerciait des offres que je lui avais faites. »
- Le 20 avril 1660.
- Gaston d’Orléans, mort en février.
- Anne-Marie Martinozzi, nièce de Mazarin.
- Anne de Gonzague de Clèves, v. note [10], lettre 533.
- Frédéric v, son beau-père.
- Marie de Bourbon-Condé.
- Madame, veuve de Gaston d’Orléans.
- Le palais du Luxembourg à Paris, v. note [3], lettre 592.
- C’est-à-dire des filles de Gaston, second fils de Henri iv.
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