À Charles Spon, le 24 décembre 1655, note 22.
Note [22]

« au nom de Mazarin ».

Gabriel Boislève (Angers 1595-2 décembre 1667), fils de Charles Boislève, conseiller au parlement de Bretagne, avait été nommé prêtre en 1623, chanoine et chancelier de l’Université d’Angers en 1625. Il avait ensuite été reçu conseiller clerc au parlement de Bretagne en 1637, puis au Parlement de Paris le 29 décembre 1645. Quatre ans plus tard, la chaleur de son zèle mazariniste lui avait attiré une vive querelle avec Marigny (v. infra note [23]).

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, page 665, année 1649) :

« Le dimanche 14 février, je fus chez Mme de Sévigny, qui me dit comme Marigny ayant rencontré Boislève, conseiller d’Église, s’était réjoui de la résolution du Parlement, ayant appréhendé qu’ils ne délibérassent sans les généraux, et avait dit qu’il y avait de grands coquins dans cette Compagnie. Sur quoi Boislève s’étant offensé et ayant répliqué qu’il était un coquin d’en parler ainsi, Marigny lui avait donné un soufflet et après quelques coups, s’était sauvé ; que M. le coadjuteur l’avait abandonné entièrement ; mais qu’il avait trouvé assez d’amis pour empêcher Boislève d’en parler samedi au Parlement ; ainsi, que l’affaire s’accommoderait. »

En fait, l’affaire était venue devant la Tournelle en juin 1649. La plaidoirie ne fut pas achevée parce qu’un accommodement intervint, qui ne fut d’ailleurs pas exécuté, « faute de cœur de la part de l’offensé », c’est-à-dire de Boislève. Celui-ci avait fort peu d’amis « même dans Angers, où ses proches exerçaient les premières charges ». Au contraire, Marigny était « fort agréable en compagnie, avait le mot pour rire et beaucoup d’amis ». Ce soufflet héroïquement reçu en plein midi, dans le cloître Notre-Dame au sortir du Palais (ibid. page 750), méritait sa récompense : le 2 janvier 1651, Boislève avait été nommé évêque d’Avranches, sacré le 10 décembre suivant (Adam, Popoff, no 653, et Gallia Christiana).

Son frère cadet, Claude né en 1611, intendant des finances, fut gravement compromis dans les prévarications du surintendant Nicolas Fouquet, et Gabriel en fut éclaboussé (Petitfils c).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 décembre 1655, note 22.

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(Consulté le 12/12/2024)

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