Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 22.
Note [22]

La citation d’Horace (vers 1‑5 de l’ode citée) est précédée de sa traduction (entre guillemets français). D’antiques superstitions voyaient dans le noircissement d’une dent ou dans l’apparition d’une tache sur un ongle la marque d’un parjure ou d’un mensonge. Horace dénonçait les perfides infidélités de la belle Bariné, dont les attraits n’avaient pourtant pas été flétris par ces marques infamantes.

Le plus vraisemblable est que les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin rusaient ici habilement en inventant et commentant une frayeur enfantine de Charlot, surnom de Charles Patin, Carolus, le deuxième fils de Guy, soumis à l’examen d’une vieille praticienne de l’onychomancie, méthode de divination par l’examen des ongles. {a} Jean-Baptiste Thiers en a décrit la pratique exacte dans son Traité des Superstitions, {b} livre troisième, page 188, chapitre i, {c} en citant un manuscrit de son cru :

« Plus pour voir dans l’ongle, il faut racler l’ongle du pouce droit ou gauche de l’enfant en commençant par son extrémité, et finissant à la chair, avec un couteau ou un autre instrument neuf ; cet ongle ainsi raclé, vous le frotterez d’huile d’olive ou de noix, dans laquelle vous mettrez du noir à noircir ou de la suie de cheminée, en forme d’un miroir, ou de quelque autre chose resplendissante ; ensuite de quoi, vous direz cette oraison : Uriel, premier Séraphin, je te commande et conjure de par le grand Dieu vivant, par la virginité de la Vierge, par la virginité de saint Jean-Baptiste, par la virginité de cet enfant qui est devenu toi présent, de lui faire apparaître sans retarder tout présentement tout ce que je te demanderai et requerrai. Je te le commande encore par le pouvoir que Dieu m’a donné, par le saint Sacrement de baptême que j’ai reçu à l’église et par tout ce qui y est contenu. Il faut répéter ce que dessus par trois fois, et jusqu’à ce que l’on voie ce que l’on demande. » {d}


  1. Dans son Autobiographie, Charles Patin a dit qu’il était né coiffé, en dénigrant les prophéties liées à cette particularité (v. sa note [8]) : cela aurait pu inspirer autrement les brodeurs du Faux Patiniana.

  2. Tome premier, Paris, 1697, v. note [27] du Faux Patiniana II‑2.

  3. Intitulé De la divination…, v. notule {b}, note [53] du Faux Patiniana II‑4.

  4. Avec plusieurs autres de la même veine, cette pratique a été condamnée par le premier concile provincial de Milan, en 1565 (ibid. livre premier, chapitre v, page 39).

Dans le même ouvrage, Thiers a aussi disserté sur les superstitions sur :

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 22.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8219&cln=22

(Consulté le 19/04/2024)

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