Annexe : Autobiographie de Charles Patin
(Lyceum Patavinum, 1682), note 22.
Note [22]

Guy Patin (ou Charles, ici son interprète) passait sous silence les questions touchant aux circulations du sang (v. note [12], lettre 177) et de la lymphe (v. note [26], lettre 152), pour s’intéresser à d’autres controverses anatomiques et physiologiques qu’il a rarement ou même jamais évoquées dans les écrits qui nous restent de lui. Je soupçonne Charles de les avoir mises au goût du jour : en 1682, nul ne contestait plus les circulations, et il n’aurait pas honoré la mémoire de son père en évoquant ce qui était devenu des lubies surannées.

  • V. note [3] du Naudæana 3 pour les incertitudes sur la production d’ovules par les ovaires, avant leur découverte par Reinier de Graaf (v. infra note [40]) et Nicolas Sténon en 1673.

  • Le Cervelet (Trévoux) :

    « est la partie de derrière du cerveau, à qui il est joint par bas ; mais par en haut il en est séparé par le repli de la dure-mère. […] Willis {a} distingue les fonctions du cerveau et du cervelet, et donne l’un pour principe des actions volontaires, et l’autre des involontaires, comme sont la respiration, le battement du cœur, etc. » {b}


    1. V. note [8], lettre de Thomas Bartholin, datée du 25 septembre 1662, pour Thomas Willis.

    2. On sait à présent que le cervelet agit sur la régulation fine des mouvements volontaires commandés par le cerveau. Les mouvements involontaires, ici dits « incessants » (continuæ), ne dépendent pas du cervelet, mais du système nerveux autonome (sympathique et parasympathique ou vague, v. notule {d}, note [11] du Naudæana 4), dont les centres se situent dans le tronc cérébral, auquel est attaché le cervelet.

  • V. note [5], lettre 53, pour l’imaginaire atrabile (bile noire), qu’on croyait produite par le foie ou les capsules (glandes) surrénales, alors appelées reins succenturiaux (accessoires), puis recueillie dans la rate.

  • Aujourd’hui claire, la notion de glande était alors débattue (Trévoux, 1743) :

    « C’est une partie molle, rare, {a} spongieuse, destinée à séparer de la masse du sang quelque matière particulière. Glandula. Malpighi, Bellini, Nuck, {b} habiles anatomistes, ont découvert que les glandes ne sont autre chose que des convolutions et des replis différents de petites artères, dont la dernière branche doit être cylindrique. Les glandes sont de différentes grosseurs, et il y en a une infinité dans le corps : elles ont des artères, des veines, des nerfs, des vaisseaux lymphatiques et des conduits excrétoires. Les Anciens ont cru que les glandes ne servaient que comme d’un coussinet pour appuyer les parties voisines, ou d’éponge pour en attirer les humidités superflues ; mais les Modernes leur attribuent des usages bien plus considérables : ils croient que ce sont des cribles qui servent à la séparation de différentes matières, et que la partie corticale du cerveau, par exemple, qui n’est qu’un amas de petites glandes, {c} sert à la séparation des esprits animaux, que les parotides {d} servent à la séparation de la salive, les glandes du foie à celle de la bile, et qu’il en est de même des autres. {e}

    On divise ordinairement les glandes en conglobées et en conglomérées. Les glandes conglobées sont composées d’une substance continue, et ont une surface égale, comme sont les glandes subcutanées. {f} Les glandes conglomérées sont un amas de plusieurs glandes renfermées dans une même membrane, et qui ont une surface inégale : telles sont les glandes maxillaires, la fagoue, le pancréas, etc. » {g}


    1. On dit rare un « corps naturel qui est poreux, ou fluide, qui a beaucoup d’étendue et peu de matière ou de densité » (ibid.).

    2. V. note [19] de Thomas Diafoirus (1673) et sa thèse (1670) pour Marcello Malpighi.

      Lorenzo Bellini (1643-1704) et Anton Nuck (1650-1692) ont respectivement professé l’anatomie à Florence et à Leyde.

    3. Les circonvolutions du cerveau donnent à sa surface (cortex) l’apparence trompeuse d’une juxtaposition inextricable de glandes serrées les unes contre les autres.

    4. V. note [5], lettre 195.

    5. V. note [17], lettre latine 78, pour l’Adenographia de Thomas Wharton (Londres, 1656) qui donna naissance aux conceptions modernes sur les glandes.

    6. Les glandes sous-cutanées (sudoripares et sébacées) font partie de celles qu’on dit à présent tubulaires.

    7. La fagoue ou thymus fait partie des glandes qu’on dit à présent acineuses (en forme de grappe de raisin), comme les glandes salivaires sous-maxillaires ou le pancréas.

      La classification des glandes est aujourd’hui moins volontiers liée à leur structure qu’à leur fonction, suivant la destination de leur sécrétion : endocrine quand elle se déverse dans le sang (thyroïde, surrénales, etc.), exocrine quand elle déverse à l’extérieur ou dans une cavité corporelle (glandes sudoripares, gastriques, salivaires, etc.), ou mixte (testicule, pancréas, etc.).


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Autobiographie de Charles Patin
(Lyceum Patavinum, 1682), note 22.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8226&cln=22

(Consulté le 12/10/2024)

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