Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 23.
Note [23]

François de Rosset (ici Du Rosset, 1571-1619) a été un littérateur polygraphe et traducteur polyglotte : outre son Don Quixote de la Manche (dont les lettres et autres écrits de Guy Patin n’ont jamais parlé), les notes [10], lettre 295, et [13] de l’Observation xi de Patin et Charles Guillemeau, donnent deux exemples de sa production. Il a connu son plus grand succès avec ses :

Histoires mémorables et tragiques de ce temps. Où sont contenues les morts funestes et lamentables de plusieurs personnes, arrivées par leurs ambitions, amours déréglées, sortilèges, vols, rapines, et par autres accidents divers.


  1. Paris, Pierre Chevalier, 1619, in‑8o de 732 pages, parmi plus de 35 rééditions au xviie s., dont la première en 1614.

La dernière des 22 histoires (pages 703‑730), scandaleuses et sordides, contenues dans ce recueil est intitulée De la cruauté d’une femme exercée sur son mari ; de sa fin malheureuse, et de celle de son amoureux. Elle se déroule au temps où « Henri le Grand, de qui les malheurs ont élevé la gloire au plus haut trône de la vertu, venait de recevoir de son peuple de Paris autant de témoignages de fidélité qu’il avait reçu de marques de rébellion, quand un zèle inconsidéré que les boutefeux allumaient en l’âme de toutes sortes de personnes, emportaient même une infinité de gens de bien à la félonie » ; c’est-à-dire plutôt en 1594 qu’en 1599.

Le Borboniana résume bien l’affaire, en ajoutant la véritable identité des protagonistes : dans le livre, le « riche marchand de vin », « M. Antoine », est masqué sous le nom de Corneille (oiseau réputé pour sa longévité), et sa fort jolie femme, sous celui de Calamite (sobriquet transparent) ; quant à l’amant meurtrier, « Jumeau », c’est un Gascon surnommé Cilandre (sans signification que j’aie su trouver) :

« il arrive un jour que Corneille, en revenant de la ville et entrant dans son logis surprend Cilandre, qui suçait avec ses lèvres le miel de la bouche de sa femme assise en une chaise à la basse-cour de son logis » ; pour cinquante écus, Cilandre fait assassiner Corneille par deux reîtres, dans quelque campagne proche de Paris où ce pauvre homme aime se promener ; le lieutenant criminel identifie les coupables que le Parlement condamne à mort. « Il y eut plusieurs grands de la cour qui osèrent importuner Sa Majesté pour le salut de cette femme, non moins belle qu’exécrable ; mais notre grand monarque, à qui les homicides commis en trahison étaient mortellement odieux, ne voulut jamais prêter l’oreille à cette grâce. »

Dans le livre, les amants maléfiques ne se marient pas, et n’y sont cités ni Juvisy (v. note [43], lettre 242) ni « M. de Beaumarchais », qui pourrait être Vincent Bouhier, le trésorier de l’Épargne dont la maladie est décrite dans la surprenante Consultation 20 conservée dans les archives de Patin (v. sa note [16]).

Ce fait divers scandaleux, peu digne de mémoire, surprend dans la bouche de Nicolas Bourbon : peut-être voulait-il simplement montrer qu’il en savait plus que Rosset là-dessus ; l’ancienneté des faits exclut qu’il puisse s’agir d’une addition de Guy Patin (ce qui n’excuserait pas la trivialité du propos).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 23.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8208&cln=23

(Consulté le 19/04/2024)

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