« De Paris, le 10 septembre. La semaine passée M. le Prince ayant voulu s’entremettre pour accommoder les affaires de Guyenne, Messieurs < du parlement > de Bordeaux lui mirent leurs intérêts entre les mains et leurs députés, qui étaient ici, furent chez lui pour cet effet. Son Altesse les réduisit à la raison autant qu’il se pouvait, les ayant obligés de se relâcher de quantité de choses, et se rendre à toutes celles qui pouvaient y rétablir l’autorité du roi et satisfaire en quelque façon le duc d’Épernon, leur gouverneur. Après quoi Sadite Altesse apporta les articles qu’elle avait dressés de cet accommodement à la reine. M. le cardinal, qui était alors avec elle, ayant lu ces articles, dit que l’autorité du roi était bien rétablie par là, mais que le duc d’Épernon n’y était pas entièrement satisfait ; à quoi M. le Prince répondit que l’autorité du roi y étant rétablie, M. d’Épernon devait être satisfait, ces deux choses étant inséparables puisque l’intérêt de ce duc n’était choqué qu’en tant qu’il représentait en ce pays-là la personne du roi et qu’il savait bien que M. d’Épernon serait content de ce qu’il avait fait. La reine et M. le cardinal insistant toujours qu’il fallait contenter M. le duc d’Épernon, M. le Prince remit les articles en sa poche et dit à Sa Majesté, “ Madame, il est vrai que les conseils violents ont si bien réussi jusqu’à cette heure que Votre Majesté fera fort bien d’en prendre ”. Le maréchal de Villeroy, qui s’y rencontra, dit qu’il fallait contenter M. d’Épernon et que la reine et Son Éminence avaient raison. Sur cela, M. le Prince lui dit par ironie : “ Monsieur, vous en parlez bien. Je change d’avis pour suivre le vôtre. La reine devrait vous envoyer en ce pays-là avec une armée. Vous y feriez grand feu et mettriez tous ces peuples à la raison. ” Le maréchal répondit qu’il irait si on lui commandait. “ Je n’en doute pas, repartit M. le Prince, et que vous n’y fassiez merveilles. ” Après quoi, M. le Prince sortit du Conseil et se retira. L’on résolut ensuite d’envoyer à Bordeaux une déclaration du roi portant révocation pure et simple de l’interdiction du parlement, et cette déclaration y fut envoyée le 2 du courant par courrier exprès. »