Sénèque le Jeune, Lettres à Lucilius, épître lxxxviii, sur l’inutilité des arts libéraux pour les progrès de la vertu (§ 37) :
Quattuor milia librorum Didymus grammaticus scripsit : misererer si tam multa supervacua legisset. In his libris de patria Homeri quæritur, in his de Æneæ matre vera, in his libidinosior Anacreon an ebriosior vixerit, in his an Sappho publica fuerit, et alia quæ erant dediscenda si scires. I nunc et longam esse vitam nega !
[Le grammairien Didyme {a} a écrit quatre milliers de livres: je plaindrais celui qui aurait lu tant d’inanités. Dans les uns, il recherche quelle fut la patrie d’Homère ; {b} dans d’autres, quelle fut la véritable mère d’Énée ; {c} ailleurs, il se demande si Anacréon {d} s’est plus adonné aux plaisirs charnels ou à l’ivresse ; ailleurs encore, si Sappho {e} était une fille publique ; et cent autres choses qu’il te faudrait désapprendre si tu les savais. Viens maintenant me dire que la vie n’est pas assez longue !]
- D’identité incertaine Didyme d’Alexandrie est un grammairien grec du ier s. av. J.‑C., dont plusieurs auteurs antiques ont parlé. Il n’est rien resté de sa production monumentale, hormis les citations qu’en ont données d’autres auteurs comme Athénée de Naucratis, écrivant notamment à son sujet, dans le livre iv, chapitre vii des Déipnosophistes :
« C’est le célèbre grammairien que Démétrius de Trézène appelait Bibliolathe, {i} à cause du grand nombre de livres qu’il avait publiés. En effet, on en compte trois mille cinq cents. »
- Βιβλιολαθας, épithète réservée à Didyme, associe biblion [livres] et lanthanô [j’oublie].
Selon l’érudit italien Ludovicus Cælius Rhodiginus (v. note [7], lettre latine 371), Lectiones antiquæ [Leçons antiques] (Francfort et Leipzig, 1666, livre xix, chapitre ix, page 1058), on donnait aussi à Didyme le surnom de Chalcenterus, Χαλκεντερος, « homme aux entrailles d’airain », à cause de son formidable zèle pour l’étude.
J’ignore d’où Moréri a appris que Didyme était fils d’un vendeur de salines (poissons salés) ; sauf confusion avec l’île éolienne de Saline (Salina), dont Didyme était le nom antique (ce qui expliquerait la majuscule de Salines dans L’Esprit de Guy Patin).
- Le pays natal d’Homère demeure incertain : l’île égéenne de Chio ou la Lydie (v. notes [1] et [55] du Naudæana 1).
- Le mythe dit ordinairement qu’Ulysse (Énée, v. note [14], lettre d’Adolf Vorst, datée du 4 septembre 1661) était fils de Laërte et d’Anticlée, roi et reine d’Ithaque.
- V. note [24] du Faux Patiniana II‑1.
- V. première notule {c}, note [35], lettre latine 154.
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