À Charles Spon, le 16 octobre 1657, note 26.
Note [26]

« d’en amont des reins ». Distincte de la rétention, la suppression est l’arrêt de la production d’urine, ou anurie (v. note [10], lettre 209) : elle est habituellement due à une maladie des reins qui empêche leur fonction excrétrice ; il existe aussi des anuries dites prérénales, liées au fait que les reins ne sont plus correctement irrigués par le sang (déshydratation grave, v. note [3] de l’observation iii ; collapsus circulatoire). L’expression employée par Guy Patin peut surprendre par sa modernité, mais il devait bien avoir en tête l’idée d’une anurie prérénale en écrivant ces mots, car il connaissait parfaitement son Fernel (Pathologie, livre iii, Du pouls et des urines, chapitre xi, Que signifie l’abondance et la paucité de l’urine, pages 182‑183) :

« La petite quantité de l’urine qui ne procède point ni de boire trop peu, ni du manger de choses trop sèches, ni du breuvage âpre et grossier, ni pour avoir beaucoup sué, ni pour avoir le ventre trop lâche, ni pour avoir excessivement travaillé, est marque de maladie, et que le mal est presque dans les conduits de l’urine. L’obstruction des reins ou quelque tumeur qui s’y rencontre outre nature en est le plus souvent la cause […]. Quant à l’urine que l’on rend en petite quantité sans que cela provienne des causes susdites, elle vient d’une humeur grossière et gluante, qui se sépare difficilement et ne sort qu’à peine ; et lors, cette urine est épaisse. La véhémence de la fièvre arrête parfois l’urine et en ce cas, s’ensuivent et la chaleur, et les autres signes de la fièvre. Ceux mêmes qui se portent bien ne rendent guère d’urine quand le breuvage se tourne en la nourriture du corps, ce qui arrive d’ordinaire à ceux qui sont exténués et aux convalescents qui relèvent de maladie. »

Saigner dans une telle situation est bien aujourd’hui la dernière chose à faire : ce serait aggraver à coup sûr le défaut d’irrigation rénale ; donner de l’antimoine ne viendrait plus à l’esprit de personne.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 octobre 1657, note 26.

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(Consulté le 25/04/2024)

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