Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 27.
Note [27]

« Au moment où Origène {a} pénétra dans l’auditoire, Plotin {b} se tut. On lui demanda pourquoi l’entrée d’un misérable petit Grec le rendait muet, il répondit, dit-on : “ Quand paraît le Soleil, les étoiles cessent de luire. ” Voyez Baronius à l’an du Christ 248, ii. » {c}


  1. V. note [16] du Patiniana I‑2 pour Origène, théologien du iiie s. originaire d’Alexandrie, Père de l’Église.

  2. Plotin, philosophe gréco-romain du iiie s., originaire d’Égypte, a fondé le néoplatonisme (v. note [46] du Borboniana 7 manuscrit) en mêlant la philosophie des Perses et des Indiens à celle de Platon. Origène adhérait à sa secte, ce qui lui valut (comme on va le voir) d’être contesté par l’Église romaine.

  3. Référence aux Annales ecclesiastici [Annales ecclésiastiques] de Baronius, {i} ajoutée dans la marge du manuscrit, correspondant à la colonne 434 du Tomus secundus (année 248) : {ii}

    ii. Origenis Apologia ad Fabianum PP. Origenes autem, cum tot tantaque a se scripta iam edita haud facile corrigere aut emendare posset, aut vellet ; hac una tantum via suæ integritati consulere satis arbitratus, rectæ fidei, professionem primo ad Fabianum Romanum Pontificem, tamquam ad totius Catholicæ Ecclesiæ Præsulem, mox ad alios misit Episcopos ; intexuit illam Eusebius in sua pro Origene (ut testatur) scripta Apologia, quæ excidit. Quid autem ad hæc Fabianus, acquieverit necne, ea tantum ab eo scripta fidei confessione contentus ; nihil præterea Eusebius scribit, et (ut puto) dolo reticuit ; quippe qui (ut sæpe superius demonstravimus) quæ essent tantum eius laudis, memoriæ commendavit ; reliqua vero, quibus reprehensione non caruit, vel tacuit, vel certe excusavit. Verum quod plane certum atque compertum habeamus, Origenem his Philippi Imperatoris temporibus Romam se contulisse ; par est credere, eum a Fabiano in re tanta ad dicendum causam fuisse vocatum : vel, quod ille non recepisset ab eo scriptam fidei confessionem, ipsum sponte Romam apud eum se purgaturum accessisse.

    iii. Origenes Romam veniens quid cum Plotino. De adventu autem Origenis Romam Philippi tempore, nihil penitus Eusebius, qui prioris tantum illius adventus tempore Zephyrini papæ (ut vidimus) meminit. At venisse ipsum Romam his temporibus, cum Plorinus Romæ doceret. Porphyrius in Vita Plotini perspicue demonstrat, dum hæc ait de eo Romæ publice profitente : Cum Origenes aliquando venisset in scholas, Plotinus statim genas rubore suffusus assurgere voluit. Sermones vero ab Origene continuare rogatus, respondit, Studium loquendi cessare, quando qui loquitur, animadvertit se ad illos, qui idem ipsi noverint, verba facturum. Atque ita, cum pauca quædam disseruisset, inde surrexit. hæc Porphyrius : qui et quantæ æstimationis habitus fuerit Origenes etiam ab externis, his plane verbis demonstrat, itemque ex testificatione Longini alias recitata, dicentis : In secundo genere Platonici quidam Ammonius atque Origenes, quibuscum nos diu versati sumus, vitis profecto intervallo non parvo sui sæculi philosophos intelligentia superantibus.

    [ii. Apologie d’Origène adressée au pape Fabien. {iii} Néanmoins, comme Origène ne pouvait ou ne voulait aisément corriger ou amender tout ce qu’il avait déjà écrit et publié, ayant jugé que c’était le seul moyen d’examiner son intégrité et la rectitude de sa foi, il envoya une déclaration, d’abord au pontife romain Fabien, comme chef de toute l’Église catholique, et bientôt après aux autres évêques. Eusèbe {iv} (ainsi que lui-même en atteste) l’a insérée dans l’Apologie, aujourd’hui perdue, qu’il a écrite en faveur d’Origène. Sans dire s’il approuvait ou non ce texte, Fabien se contenta de n’y voir qu’une confession écrite de sa foi. Eusèbe n’en écrit pas plus et il a (à mon avis) trouvé plus adroit de garder le silence, car (comme nous l’avons très souvent montré) il ne s’est souvenu que de ce qui contribuait à la gloire d’Origène ; quant à tout ce qui n’était pas irréprochable en lui, ou bien il l’a tu, ou bien il l’en a disculpé. Nous tenons cependant pour tout à fait certain et établi qu’Origène s’est rendu à Rome au temps de l’empereur Philippe ; {v} il est donc juste de croire que Fabien a appelé Origène à défendre sa cause dans une affaire de si grande conséquence : le pape n’ayant pas accepté la profession de foi qu’il avait écrite, Origène vint à Rome de son propre chef pour se justifier.

    iii. Origène vient à Rome, son échange avec Plotin. Eusèbe n’a pas détaillé la venue d’Origène à Rome sous le règne de le Philippe, mais n’a mentionné (comme on l’a vu précédemment) que sa présence sous le pontificat de Zéphyrin. {vi} Il s’est néanmoins rendu à Rome du temps où Plotin y enseignait. Porphyre {vii} le montre en effet clairement dans sa Vie de Plotin quand il parle de son enseignement à Rome : « Origène vint une fois dans son auditoire, Plotin rougit et voulut se lever. Origène le pria de continuer. Plotin répondit que l’envie de parler cessait lorsqu’on était persuadé que ceux que l’on entretenait savaient ce qu’on avait à leur dire. Et après avoir parlé quelques instants, il se leva. » {viii} Ces mots de Porphyre montrent à quel point Origène était estimé, même par les étrangers, tout comme en a témoigné ailleurs Longin, en disant : « Durant leurs existences, qui furent presque contemporaines, Ammonios {ix} et Origène, platoniciens de la nouvelle espèce que j’ai longtemps fréquentés, ont surpassé en intelligence les philosophes de leur siècle. »] {x}

    1. V. note [6], lettre 119.

    2. Cologne, Iannes Gymnicus et Antonius Hieratus, 1609, in‑4o de 864 colonnes.

    3. Le pape Fabien a régné sur l’Église romaine de 236 à 250. Origène protestait alors auprès de lui contre son exclusion de la prêtrise, liée à ses opinions théologiques, que le patriarche d’Alexandrie avait jugées hérétiques.

    4. Eusèbe de Césarée, v. note [23], lettre 535.

    5. L’empereur Marcus Julius Philippus, dit Philippe l’Arabe (car il était né dans la province romaine d’Arabie pétrée) a régné de 244 à 249.

    6. Le pape Zéphyrin a régné de 198 à 217.

    7. Porphyre de Tyr (234-vers 310), philosophe néoplatonicien, disciple de Plotin, a écrit en grec la vie et publié les écrits (Ennéades) de son maître.

    8. Traduction directe du grec en français, publiée par Marie-Nicolas Bouillet dans Les Ennéades de Plotin… précédées par la … (Paris, L. Hachette et Cie, 1857, in‑8o), tome premier, Vie de Plotin, § xiv, page 16.

    9. Ammonois Saccas, (v. note [46] du Borboniana 7 manuscrit) a été le maître de Plotin.

    10. Ce propos de Longin (v. note [2], lettre 756) est extrait du Proœmium [Prologue] des Fragmenta [Fragments] (grecs) qu’on lui attribue.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 27.

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(Consulté le 19/04/2024)

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