Journal de la Fronde (volume ii, fo 206 vo, Paris, 8 avril 1653) :
« Hier au matin, M. le Chancelier rentra au Parlement, et y porta des lettres de jussion de faire interroger M. de Croissy dans le Bois de Vincennes et d’exécuter tout ce qui était contenu dans les lettres patentes du 5. Sur quoi, après plusieurs contestations, il fut arrêté que M. de Croissy serait interrogé au château de Vincennes, sauf à lui de récuser qui bon lui semblera pour l’interrogation, rapportée et communiquée aux Gens du roi, < et > être ordonné ce que de raison. M. le Chancelier sortit mécontent de cette assemblée à cause qu’elle n’avait voulu accorder au roi qu’une partie de ce qu’il demandait ; et l’on remarqua qu’il eut prise avec M. Dorat, {a} lequel en opinant, dit qu’il avait appris de feu M. le président Le Coigneux que dans la personne du roi il y avait deux qualités à considérer : celle du roi qui a fait des ordonnances auxquelles il s’est soumis ; et celle de l’homme qui le réduit capable de toutes les passions auxquelles sont sujets tous les autres. Sur quoi, il fut interrompu par M. le Chancelier et par M. le garde des sceaux {b} qui lui dirent que c’était une maxime qui n’était pas nouvelle et que du temps du feu roi, {c} un homme avait été condamné à être pendu, par sentence d’un juge subalterne, pour avoir tué un cerf dans la forêt de Saint-Germain ; il en appela à la Tournelle où M. Sallé ayant été commis pour rapporteur, reçut une lettre écrite tout entière de la main de Sa Majesté qui lui commandait de confirmer la sentence ; nonobstant quoi, il fut renvoyé absous, la lettre n’ayant pas été lue, par respect. »
- Étienne Dorat, v. note [3], lettre 310.
- Mathieu i Molé.
- Louis xiii.
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