À Charles Spon, le 21 mars 1651, note 3.
Note [3]

Journal de la Fronde (volume i, fos 394 vo et 395 ro, 19 mars 1651) :

« M. le duc d’Orléans chargea le P. Paulin, jésuite, confesseur du roi, {a} de disposer l’esprit de la reine à consentir que les états généraux fussent convoqués devant la majorité du roi afin d’éviter les inconvénients qui pourraient arriver si elle refusait, pour ce que dans ses divisions, si on portait le Parlement à s’y opposer, il y pourrait avoir effusion de sang ; à quoi ce père promit de faire son possible ; mais MM. Servien et Le Tellier ayant conféré là-dessus, envoyèrent ce père au premier président pour lui faire récit du discours de Son Altesse Royale ; laquelle étant allée le soir du même jour au Palais-Royal avec Messieurs les princes pour en parler à la reine, ils la trouvèrent plutôt disposée à se mettre en colère que leur rien accorder ; et Sadite Altesse lui ayant dit qu’elle ne voyait point de moyen pour refuser cette demande à la noblesse, Sa Majesté lui repartit qu’elle ne voulait point la résolution prise par leur propre avis au Conseil ; ce qui obligea M. le Prince de repartir que son avis n’avait point été de remettre la convocation des états généraux au premier octobre, mais bien celui des autres, qui avait prévalu au sien. Son Altesse Royale ayant ajouté que l’assemblée de la noblesse grossissait tous les jours, qu’elle était composée aujourd’hui de 500 personnes et qu’elle le serait demain de 800, Sa Majesté répliqua que quand il y en aurait 2 000, elle n’en ferait rien ; et après quelques autres paroles, s’étant retirée dans son cabinet, sortit là-dessus. En même temps, cette dispute éclata fort et l’on a depuis remarqué tous les jours que les esprits du Parlement se sont partagés là-dessus, et qu’il y en a la plupart dans les sentiments de la reine ; et que M. Coulon, {b} entre autres, l’ayant saluée le 18, présenté par le maréchal de Gramont, elle le reçut fort bien ; et que le même jour elle envoya < ordre > au cardinal Mazarin de sortir de France. Pour ce qui est de la garde que l’on fait aux portes de cette ville, Sa Majesté dit qu’elle ne se soucie point qu’on la fasse ou non parce que si on la faisait cesser par ses ordres, l’on ferait courir des bruits qui donneraient des défiances au peuple qu’elle voulût sortir de Paris avec le roi ; et d’autre côté, Son Altesse Royale a considéré que s’il la faisait lever de son autorité et que le roi vînt après à sortir, on pourrait lui en attribuer la faute. Ainsi la garde continue encore. »


  1. Charles Paulin, v. note [3], lettre 204.

  2. Conseiller au Parlement, v. note [39], lettre 294.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 mars 1651, note 3.

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(Consulté le 24/04/2024)

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