À Claude II Belin, le 11 juin 1654, note 3.
Note [3]

Seconde Apologie… (section cxxxi, Le doyen se moque de vos consultes, page 204) :

« Distinguez ici, Maître Riolan, comme il y a différence de dire “ le doyen {a} se moque de la pratique ” et dire “ de votre pratique ” ; autant y en a-t-il de dire “ il se moque des consultes ” ou dire “ de vos consultes ”. Il fait le second, {b} non pas le premier ; il sait et la nécessité, et l’utilité d’icelles, et combien elles nous sont recommandées par nos premiers législateurs. Si vous lisez bien son Apologie, vous changerez de propos, car il dit : Nostrorum polylogorum consultationes sunt orationes funebres, adhuc, viventium ægrorum, funestæ prænunciæ, hospitiisque mortis designatrices. {c} Il ne reprend point telles conférences si ce n’est quand elles se changent en vain babil, en pommes de Sodome {d} et en cymbales. {e} Duret même est votre juge car, en divers endroits, il a prôné un Væ vobis et mandavit laqueum vestræ loquacitati. {f} Aussi voyez-vous comme son discours est mêlé et serré. Il ne se moque point des consultes, mais des consultants, lesquels ne pensent pas tant à l’obit {g} du malade comme à l’habit de leur discours ; plus à être bons Latins que bons médecins ; et plus Cicérons que non pas Japis. {h} Garrulus medicus, alter laboranti morbus et aliquando mors est. {i} Cependant que le médecin caquète, la vie du malade craquète. Puisque vos consultes se mesurent à la grandeur du payement, il est utile au malade de ne vous payer guère bien s’il veut être promptement assisté. Le doyen a dit que vos consultes sont des oraisons funèbres pource qu’elles donnent du temps à la mort. Si maioris spes affulgeat nummi. {j} Donc il y a bien de l’enflure du gosier et du sermon en toutes langues. Tout ce grand discours aboutit le plus souvent à un servicial, {k} et partant du tout semblable à la viande halenée {l} par Solidius < sic > chez Martial, de laquelle nemo potuit tangere. Et pourquoi ? Merda fuit. » {m}


  1. Siméon Courtaud, doyen de l’Université de médecine de Montpellier.

  2. Pour dire : « Courtaud entend le second ».

  3. « Les consultes de nos médecins verbeux sont des oraisons funèbres, et même de funestes présages pour les malades encore vivants, et des maréchaux (avec designatrices pour designatores) pour les logis de la mort. »

  4. Fruits ayant la forme de testicules, couillonneries.

  5. Vacarme.

  6. « Malheur à vous, et il a ordonné qu’on garrotte votre babil » : propos attribué à Louis Duret dont je n’ai pas trouvé la source.

  7. Messe anniversaire.

  8. Favori d’Apolon qui lui apprit la connaissance de l’art des augures, de la musique et de la médecine.

  9. « Un médecin bavard est une seconde maladie pour le patient (v. note [6], lettre 634), et parfois sa mort. »

  10. « Si ne luit l’espérance d’empocher plus d’écus. »

  11. Clystère.

  12. Humée.

  13. Martial, Épigrammes (iii, 17, Contre Sabidius, vers 5‑6) :

    Illa quidem tepuit digitosque admittere visa est,
    sed nemo potuit tangere : merda fuit
    .

    [Son souffle, en effet, attiédit le gâteau et on put le toucher ; mais personne ne parvint à s’en mettre en bouche : c’était de la merde].


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 11 juin 1654, note 3.

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(Consulté le 24/04/2024)

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