À André Falconet, le 6 février 1665, note 3.
Note [3]

« et l’empirique ne peut agir autrement que par l’empirisme, nul Dieu n’habite hors de son ciel ».

Guy Patin semblait se rappeler ses cours de scolastique, en appliquant aux empiriques un précepte d’Aristote que Thomas d’Aquin a réfuté chrétiennement (Somme théologique, troisième partie, question lvii, article 4) :

Locus habet rationem continentis. Unde primum continens habet rationem primi locantis, quod est primum cœlum. In tantum igitur corpora indigent esse in loco per se, in quantum indigent contineri a coprore cœlesti. Corpora autem gloriosa, et maxime corpus Christi, non indiget tali continentia ; quia nihil recipit a corporibus cœlestibus, se a Deo mediante anima. Unde nihil prohibet corpus Christi esse extra totam continentiam cœlestium corporum, et non esse in loco continente. Nec tamen oportet, quod extra cœlum sit vacuum ; qui non est ibi locus. Nec est ibi aliqua potentia susceptiva alicujus corporis ; sed potentia illuc perveniendi est in Christo. Quod autem Aristotelis probat iDe cœlo quod “ extra cœlum non est corpus ”, intelligendum est de corporibus in solis naturalibus contitutis.

« Un lieu a la propriété de renfermer. Le lieu qui renferme le plus est donc par là même le plus vaste ; et c’est le premier ciel. Par conséquent, plus il est nécessaire à des corps d’occuper un lieu, plus il leur est nécessaire aussi d’être refermés dans le ciel. {a} Mais les corps glorieux, celui du Christ par excellence, n’ont pas besoin d’occuper un tel lieu, n’ayant rien à recevcoir des corps célestes, mais seulement de Dieu par l’intermédiaire de l’âme. Rien n’empêche donc que le corps du Christ ne soit en dehors de l’espace renfermé par les cieux, et qu’il ne soit pas même renfermé dans un lieu. Cela ne veut pas dire, néanmoins, qu’en dehors du ciel il y ait le vide, puisqu’il n’y a pas de lieu. Il n’y a même là aucune potentialité capable de recevoir un corps ; mais la puissance d’y parvenir est dans le Christ lui-même. Quand Aristote prouve, De cœlo, i, qu’“ en dehors du ciel il n’y a pas de lieu ”, {b} cela s’entend seulement des corps tels qu’ils existent dans la nature. » {c}


  1. Autrement dit, la nature a horreur du vide et réciproquement.

  2. Du ciel, livre i, chapitre vii, § 14.

  3. Traduction de F. Lachat, 1859.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 6 février 1665, note 3.

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(Consulté le 02/12/2024)

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