Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : vi, note 3.
Note [3]

L’épine-vinette est une plante de nos contrées, proche mais distincte de l’aubépine (Furetière) :

« petit arbre qui porte des fruits rouges fort astringents. Cet arbrisseau, avec le temps, parvient à hauteur d’arbre. Il est tout épineux depuis le pied jusqu’à la cime et ses pointes sont longues, menues, blanchâtres, aisées à rompre et à piler, qui poussent trois à trois d’un même lieu. Son écorce est blanche, polie, lissée et mince. Son bois est jaune, frêle et spongieux. Il a force racines jaunes et rampantes presque à fleur de terre. Il pousse dès le pied plusieurs rejetons et surgeons comme le coudrier. Ses feuilles sont presque semblables au grenadier, si ce n’est qu’elles sont plus déliées, plus larges et environnées tout alentour de petites pointes. Au commencement de mai, il pousse une fleur jaune faite en grappe, aussi bien que son fruit, laquelle sent assez bon. Ses grains longuets ne sont rouges qu’étant mûrs et sont semblables aux pépins d’une grenade, mais ils sont plus longs et ont un goût âpre et aigu. Ils enferment de petits noyaux, dont on fait du vin que les apothicaires appellent improprement vin de berberis, qui est beaucoup plus acide que le jus de grenade. On en confit et on en fait du cotignac. {a} Il y en a aussi une espèce sans pépins. Cet arbre s’appelle en latin crespinus, berberis, {b} spina appendix, oxyacantha. » {c}


  1. V. note [7], lettre 440.

  2. En arabe.

  3. En grec. « L’épine-vinette a été ainsi nommée parce qu’on fait avec ses baies une sorte de vin. Peut-être aussi est-ce à cause de ses fruits en grappes qui lui donnent l’aspect d’une petite vigne » (Littré DLF).

Thomas Corneille dit du vin d’épine-vinette que « si on en use dans les fièvres malignes qui sont très aiguës, et même dans les fièvres pestilentielles avec sirop violat et eau, non seulement il étanche la soif, mais il supprime et éteint toutes vapeurs malignes, colériques [bilieuses] et pestilentielles, et empêche qu’elles ne suffoquent ou le cœur ou le cerveau. On l’ordonne aux fluxions et dévoiements d’estomac, et il est fort bon pour plusieurs autres usages sur lesquels on n’a qu’à consulter Matthiole. » Dans son commentaire de Dioscoride, Matthiole (Lyon, 1572, v. note [42], lettre 332) a longuement parlé de l’épine-vinette au chapitre cv, De l’aubépin (ou aubépine), livre i (pages 116‑120).

Le raisonnement de Guy Patin sur l’inefficacité thérapeutique des minéraux pulvérisés ne manquait pas de bon sens. Toutefois, on utilise aujourd’hui, sous le nom de chélateurs (du grec chêlê, pince) des médicaments amorphes (ne quittant pas le tube digestif après avoir été absorbés par la bouche) capables de capter certaines substances néfastes, notamment métalliques et ioniques, pour les éliminer. En outre, la consommation habituelle de craie ou d’argile (perversion alimentaire qui porte le nom de pica, la pie en latin) peut aggraver des carences en fer en empêchant son absorption digestive.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : vi, note 3.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8159&cln=3

(Consulté le 26/04/2024)

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